Vampire Hunter D: Bloodlust
7.4
Vampire Hunter D: Bloodlust

Long-métrage d'animation de Yoshiaki Kawajiri (2000)

Entre se réinventer et s'adapter, la frontière est mince.

Découverte.

C'est en 2000 que sort Vampire Hunter D: Bloodlust, soit quinze années après le premier film, réalisé par Toyoo Ashida. Ici, c'est Yoshiaki Kawajiri qui est à la direction, lui qui n'avait pas fait de film pour le cinéma depuis Ninja Scroll. Contrairement au premier film, cette suite est une production américano-japonaise. Une première dans la carrière de Kawajiri. Un second film basé sur le troisième roman de la série littéraire Vampire D, toujours écrit par Hideyuki Kikuchi.


Nous suivons toujours le personnage de D qui est un dhampire, signifiant qu'il a été l'enfant d'un parent humain et d'un parent vampire. Il va devoir durant ce film chasser Meier Link, vampire de renom ayant capturé une jeune femme portant le nom de Charlotte. Cependant, cette tâche ne sera pas que celle de D, d'autres mercenaires étant sur le coup.


Ce film a été vu dans le cadre d'une rétrospective partielle que j'ai décidé de faire concernant Yoshiaki Kawajiri, me focalisant sur ses films pour le cinéma. Ce film a été une découverte et pour moi une petite surprise, dénotant jusqu'ici dans l'œuvre globale du cinéaste. Ce film, indépendamment de ses qualités, n'étant pas le plus représentatif du style de Kawajiri. Ou bien, est-il représentatif du nouveau style du réalisateur (au moment où j'écris ces lignes, je n'ai pas vu son Highlander qui sera le film suivant Bloodlust et le dernier en date du metteur en scène).


Si Kawajiri est crédité à la réalisation, au scénario et au storyboard, certaines tâches semblent cette fois-ci déléguées comme le design des personnages (Yutaka Minowa) ou la direction artistique (Yûji Ikehata). Pour quelqu'un ayant un style graphique aussi distinctif que Kawajiri, cela donne un sentiment de voir le film d'un autre cinéaste. Le sentiment est amplifié lorsque l'on considère d'autres composantes du film.


Comme dit plus haut, le film a été partiellement produit à base de fonds américains et le film devait (et a été) diffusé dans plusieurs salles aux États-Unis. Les moyens ont été mis. Doit-on trouver une situation de cause à effet sur le rendu artistique final. En tout cas, ce film ne ressemble pas aux œuvres précédentes de celui l'ayant réalisé.


Sa réalisation, sa mise en scène, le rythme et la narration du film. On ne retrouve du Kawajiri dans aucun de ces domaines. Ou plutôt disons qu'on a l'impression de voir un réalisateur qui s'est réinventé, voire même qui s'est adapté. À tous les niveaux, le film semble plus classique dans sa manière d'être et est moins singulier que ce qui constituait jusque-là l'œuvre globale du metteur en scène.


Le format d'image est déjà différent des autres oeuvres de Kawajiri et cela se voit dans sa mise en scène et sa réalisation, cette dernière étant plus enclin à créer un sentiment de grandeur voire de gigantisme. Que ce soit lors des scènes de combats où l'épique est de mise, ou bien lors des scènes plus calmes, Kawajiri nous montre une nouvelle fois qu'il sait faire. C'est même bluffant de voir ce que j'interprète comme une capacité d'adaptation le fait qu'il ai réussi à utiliser son savoir faire dans un film destiné à un public plus large qu'à l'accoutumée.


Si le rythme et la fluidité du récit de Ninja Scroll sont à louer, il en est de même pour Bloodlust qui dans sa narration pourrait même faire penser à un film d'animation d'aventure américain (ce qui n'est en soit ni gage de qualité ni un défaut), dans sa gestion du crescendo et de l'avancement du récit, entrecoupés de scènes épiques et d'autres plus calmes.


Concernant le design des personnages, nous avons comme un croisement d'influences en fonction de chaque chara-design. Les frères Marcus pouvant par exemple sortir tout droit de Cowboy Bebop et la même chose pourrait être dite avec Leila et Ghost in the Shell. Minowa n'essaye pas de faire du Kawajiri et le pari est plutôt réussi.


D'ailleurs, il est désormais temps de parler des nombreuses qualités du film. Pour rester sur les personnages, ceux-ci sont aussi bien incarnés de par l'esthétisme qu'ils renvoient que par ce qu'ils sont. Ceux qui sont censés être attachants le sont et il n'y a pas d'équivalent envers certains personnages du premier film qui pouvaient clairement être agaçants de manichéisme. L'écriture est de manière générale de bonne facture, en lien avec la fluidité du récit auquel le spectateur reste attentif jusqu'au bout.


Néanmoins, la force majeure de ce film est pour moi visuelle. Esthétiquement, le long-métrage est très beau que ce soit à travers ses dessins que sa direction artistique, assurant totalement la crédibilité du film en tant que conte de vampire. Le tout est magnifié est sublimé par le travail de Kawajiri, faisant parfois franchement preuve de maestria.


Nous sommes donc sur un film bien supérieur en tout point au premier, il faut dire que l'équipe technique n'est pas la même et que chacun a très bien fait ce qu'il avait à faire. J'inclus ici le compositeur Marco D'Ambrosio ayant signé une bande-originale plutôt qualitative et servant de bon support aux images, bien qu'elle ne soit pas toujours indispensable. Une très bonne équipe donc, chapeautée par un réalisateur qui connait son métier et qui le fait bien, là où le premier film manquait clairement d'inventivité voire de vitalité dans ce domaine. Il n'est d'ailleurs pas nécessaire d'avoir vu le premier film pour saisir totalement les enjeux du second même si certains clins d'œil sont sympathiques (comme le fait que Meier Link résiste à sa tentation de mordre le cou de Charlotte de la même manière que D dans le premier film, montrant ainsi que Meier n'est pas comparable au comte du film précédent).


La petite tâche concernant ce long-métrage n'est pas de la faute de ce dernier mais de la mienne. En effet, je n'ai pas lancé le film en étant en grande forme et le petit fond de fatigue que j'avais au fond de moi m'a peut-être empêché de recevoir pleinement le film comme j'aurais pu. Peut-être aurais-je ressenti les sensations plus fortement en étant en pleine forme. Tout cela n'est que supposition et je ne le saurai que lors de mon prochain revisionnage.


J'étais cependant suffisamment réveillé et conscient de ce que je voyais pour trouver à ce film bon nombre de qualités. N'étant toujours pas mon Kawajiri préféré ni le plus représentatif de son oeuvre, il est -qui sait, peut-être son meilleur. En tout cas certainement son plus accessible. En somme, une vraie bonne surprise.


Ps: j'ai vu le film en étant un petit peu fatigué, j'ai écris ce ressenti en étant énormément fatigué. La boucle.. toussa toussa. En espérant que ces lignes ont été agréables à lire pour celles et ceux qui les ont lus.



starlessnassim
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le 31 déc. 2022

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