"Enchanteur" est le premier mot qui me vient à l’esprit pour décrire Vacances romaines de William Wyler. Le film offre une évasion de la réalité, une échappatoire, chose qui pourrait être enviée même par la royauté. C'est Audrey Hepburn qui incarne la royauté ici, dans la peau de la princesse Ann. Elle est lumineuse et d'une innocence désarmante, pour ce qui est sa toute première apparition à Hollywood. C'est cette fraicheur qui lui permet de nous faire croire qu'elle puisse disparaitre pendant vingt-quatre heures, dans le but de vivre sa vie comme bon lui semble.

Naviguant entre fantaisie et réalité, Vacances romaines est à la fois divertissant et bien plus profond qu'il ne le laisse paraitre. L'équilibre est assez bien trouvé entre le ton comique et le ton dramatique. Parfois, c’est très drôle et à d’autres moments, c'est assez émouvant. Audrey Hepburn et Gregory Peck sont parfaits dans les rôles principaux et l’histoire est intelligemment menée par William Wyler. Sur la base d'une idée simple, Il arrive à étirer l'histoire qu'il veut conter sans pousser les choses trop loin. Ainsi le film n'est ni trop long, ni trop court et assez efficace.

L’idée que la princesse Ann (Audrey Hepburn) s’éclipse et passe inaperçue dans les rues de Rome pendant 24 heures, pour une journée de plaisir et de liberté sans la moindre responsabilité, est bien sûr fantaisiste. Sur le papier ça parait casse gueule, mais à l'écran ça fonctionne plutôt bien et si ça fonctionne, c'est pour plusieurs bonnes raisons.

Tout d'abord, William Wyler peut compter sur Gregory Peck, un acteur qui sait tout jouer et il le prouve une fois de plus ici, dans la peau d'un journaliste pragmatique et qui a les pieds sur terre. Il apporte un bon équilibre au charme et à l’énergie d'Audrey Hepburn, restant à tous instants calme et logique, sans jamais devenir froid ou distant. Eddie Albert qui complète ce trio est parfait lui aussi, en tant qu’ami photographe de Gregory Peck ? Et puis il y a la ville de Rome elle-même, avec quelques scènes inventives qui font bon usage du cadre (la fontaine de Trevi, la place d'Espagne, le Castel Sant’Angelo ...)

Mais Vacances romaines n'aurait jamais eu le succès qu'il a eu, sans la présence d’Audrey Hepburn. Elle est d'une beauté, d'une fraicheur et d'un naturel tellement désarmant, qui plus est pour son premier rôle à Hollywood. Plus incroyable encore et ceci malgré sa totale inexpérience, elle reçu l'Oscar de la meilleure actrice pour ce film ... ça en dit long sur sa performance. C'est certainement un ange envoyé sur Terre pour s’assurer que le monde vive en harmonie. C'est bien simple, moi je vois le nom d'Audrey Hepburn sur l'affiche, je suis content.

Petite chose amusante, c'est impressionnant de voir ce que la princesse Ann arrive à tirer de ce billet de cinq mille lires italiennes. Pouvait-on vraiment acheter des sandales, aller au coiffeur (elle est ravissante avec les cheveux mi courts), manger un cône de glace et je ne sais plus quoi d'autre ... pour moins de 2 euros 50 en 1953 ? De plus, Gregory Peck est mis dans une situation difficile, quand Audrey Hepburn commente son sacrifice pour lui consacrer une journée entière à lui faire visiter Rome. Elle le pense "complètement désintéressé", alors qu'en réalité il a bien l'intention de profiter de la situation. C'est à ce moment-là que je me suis dit que le scénario allait faire un virage à 180 degrés pour permettre à Gregory Peck de se montrer bon prince.

Alors pourquoi seulement 6/10 me direz-vous ? Bah, je dirai tout simplement qu'en dehors d'Audrey Hepburn, le film manque de fantaisie et de magie. Si ça n'avait pas été pour elle, pas sûr que j'aurais tenu plus de quinze minutes devant ce film. C'est une comédie romantique très sage, trop sage pour moi. Cependant, le film a la bonne idée de nous éviter un happy-end trop convenu ...

La princesse qui devient paysanne pendant une journée entière, doit accepter sa responsabilité et redevenir une princesse le lendemain. Il est assez ironique de constater qu’une star dont l’attrait principal reposait sur son glamour, joue dans un film qui met en évidence les limites du glamour, puisqu'elle en souffre plus qu'autre chose, l'obligeant à renoncer à une vie normale.

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le 19 nov. 2022

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lessthantod

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