A la faveur d'une attaque allemande une demie-douzaine de soldats américains indisciplinés désertent. La troupe hétéroclite (un pré-hippie moustachu, un géant blond, un black taillé comme une armoire-normande, un voyou joli-coeur, etc...) est donc en route pour la Suisse, terre d'accueil des traîtres et des banquiers, mais le chemin va se révélé plus compliqué que prévue.

Réalisé par le déjà prolifique Enzo G. Castellari (C'est son dix-septième film en dix ans de carrière !), Une poignée de salopards est un pur film d'exploitation comme les italiens aimaient le faire dans les années 60 à 80.
Le futur réalisateur des Guerriers du Bronx s'amuse donc à promener ses personnages über cool de bain de sang en bain de sang. Les scènes d'actions sont très nombreuses et ne s'encombrent d'aucune finesse, on fonce dans le tas, on mitraille, on explose, on surine dans une euphorie communicative.
Volontiers violent, volontiers idiot le métrage est aussi volontiers fauché, comme la tradition l'exige.
Câbles -visibles- qui décollent les nazis à 8 mètres au dessus du sol lors des explosions, science du raccord incertaine, maquettes maltraitées, exagération de tous les instants, casting couillu d'habitués au petits cachets. Ceci dit Bo Svenson et Fred Williamson ont ce charisme que seules les gueules de série B peuvent avoir, des tronches qui feront plaisir aux amateurs. Comble du raffinement, on retrouve même Michel Constantin dans la peau d'un résistant français "parfaitement" bilingue.

Frôlant sans cesse les frontières du nanar, Une poignée de Salopards a ce charme viril et bête du plaisir coupable authentique, celui qui assume son idiotie et qui s'en moque.
Le film n'hésite d'ailleurs pas à franchir régulièrement ces frontières, comme lors de cette séquence où l'on voit des femmes-soldats allemandes se baigner complètement nues et de façon totalement gratuite. La baignade en soit est déjà hallucinante mais lorsqu'elles sortent de l'eau pour tirer, toujours nues, au mp40 sur les héros, on touche au divin du n'importe quoi.
Tous les doublages du film sont post-synchronisés en dépit du bon-sens, quelle que soit la version du film. Fixer les lèvres de Michael Pergolani en essayant de les relier à ce qui est censé être le son de sa voix est un exercice tout à fait exaltant. Éclair de génie ultime d'un réalisateur visionnaire qui pousse son oeuvre vers des terres inexplorées.

La liberté de ton du film a sans doute beaucoup plu à Quentin Tarantino qui s'en est inspiré pour son Inglourious Basterds rendant hommage au travail de Castellari. C'est d'ailleurs souvent comme cela que l'on connait Un poignée de salopards (dont le titre américain est The Inglorious Bastards) mais l'hommage s'arrête là puisque le film de QT n'est pas un remake (personnages et histoire différents).
Au petit jeu des comparaisons le film peut se voir comme une version dégénérée et bancale des Douze Salopards de Robert Aldrich, on y retrouve la même envie de démolir les héros et de glorifier les renégats. Un héritage subversif qui s'arrête cependant à un scénario plus axé sur le délire visuel que sur une quelconque thématique de fond.

La narration souffre de quelques coupes curieuses, le cadrage se fait parfois approximatif, le rythme est un peu chaotique mais l'ensemble dégage une sympathie indéniable. L'expérience acquise par Enzo G. Castellari sur les tournages de Westerns Spaghetti est palpable (on lui doit notamment l'excellent Kéoma) et permet d'offrir un film de guerre atypique et réjouissant au second degré.
Vnr-Herzog
6
Écrit par

Créée

le 20 sept. 2011

Critique lue 1K fois

17 j'aime

Critique lue 1K fois

17

D'autres avis sur Une poignée de salopards

Une poignée de salopards
Truman-
5

Nazis + Américains + fusillades + c'est tout

Une poignée de salopard s'inspire du film "Les Douze Salopards" mais il a aussi inspiré Quentin Tarantino avec son "Inglourious Basterds" car le titre Anglais du film est "The Inglorious Bastards"...

le 29 oct. 2013

9 j'aime

Une poignée de salopards
AMCHI
7

Va te rhabiller Quentin

Castellari est sans doute un des maîtres de la série B et avec Une Poignée de salopards il nous le prouve parfaitement ; un excellent film dans son genre plutôt bien interprété mais surtout un film...

le 13 févr. 2017

8 j'aime

3

Une poignée de salopards
Boubakar
5

Critique de Une poignée de salopards par Boubakar

Davantage reconnu aujourd'hui pour avoir inspiré à Tarantino son Inglourious Basterds, c'est un film franchement pas mauvais, mais qui m'a un peu déçu, voire ennuyé. Puisant aussi bien dans Les douze...

le 13 févr. 2011

5 j'aime

2

Du même critique

Le Bon, la Brute et le Truand
Vnr-Herzog
10

Citizen Kane ? Mon Cul !

Pourquoi ce titre provocateur ? Tout simplement parce que le film de Welles arrive systématiquement en tête de n'importe quel classement des meilleurs films de l'histoire du Cinéma lorsqu'ils sont...

le 12 déc. 2010

503 j'aime

86

Cowboy Bebop
Vnr-Herzog
10

Doux, dur et dingue

Oubliez tout ce que vous savez sur la japanimation (surtout si vous vous appelez Éric Zemmour), oubliez tout ce que vous savez des dessins-animés en général car "Cowboy Bebop" est une série tout à...

le 9 janv. 2011

407 j'aime

37