On retrouve dans ce film la petite musique chère à Michel Blanc. Portraits au vitriol, dialogues acides sur fond d’une gentille comédie qui se regarde facilement. Drôle de trajectoire que celle de Michel Blanc, propulsé, avec la troupe du Splendid, vers les sommets. Premier à se décoller de ses amis pour se consacrer à une carrière solo, signant les scénarios de ses premiers essais avec Patrice Leconte (Viens chez moi, j’habite chez une copine, Ma femme s’appelle reviens), premier à passer derrière la caméra avec succès (Marche à l’ombre), il cultive son image de Woody Allen à la Française, hypocondriaque, mauvais dragueur et looser en puissance. Il est le premier à casser son image et à se consacrer à des drames où il est acclamé. Mais il semble peu à peu se perdre et disparaît des écrans au milieu des années 90.


Son retour au cinéma dans les années 2000 le voit se consacrer à des rôles de second plan dans des œuvres plus anodines. Entre plusieurs drames, on retrouve donc cette Petite zone de turbulence où il semble vouloir renouer avec les personnages qui ont fait son succès. C’est certainement la force et la faiblesse de ce film qui permet de mesurer à quel point Michel Blanc est toujours à l’aise dans ce type de rôles. C’est aussi évidemment une limite tant on l’a vu et revu dans des situations où ses excès finissent par lui péter à la figure. L’écriture de l’ensemble est cependant précise, certains dialogues piquants et les personnages, au-delà de leur aspect caricatural, sont interprétés avec justesse. Le rythme, parfois en dents-de-scie, et le discours par moments peu évident à suivre empêchent le film d’être plus efficace.


Il en résulte un ensemble maladroit au goût suranné où la morale bourgeoise est brocardée et où chaque personnage est contraint de raviser ses jugements. Si elle n’est pas pleinement aboutie, cette comédie dégage une évidente finesse qui doit amener à la considérer comme une œuvre intelligente qui interroge les travers d’une société où la communication est difficile aussi bien entre les gens qui ne se ressemblent pas qu’entre les membres d’une même famille. Pas totalement convaincante, elle demeure méritoire.


Play-It-Again-Seb
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le 31 juil. 2023

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PIAS

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