Une femme indonésienne (Nana, pour son titre original et Before, now and then pour sa présentation dans les festivals) est déjà le cinquième long-métrage de Kamila Andini, qui a notamment réalisé Yuni, un beau récit d'émancipation, qui aurait mérité une sortie dans les salles françaises. Son dernier opus, tout aussi féministe que les précédents, est presque aussi beau qu'un Wong Kar-wai et presque aussi énigmatique qu'un Weerasethakul. C'est le portrait d'une femme d'âge moyen à laquelle son mari a offert une vie confortable mais pas le bonheur et qui dissimule, symboliquement, ses secrets et frustrations dans un sage chignon. Une femme indonésienne évoque en filigrane la violence d'un pays, à travers les réminiscences de l'époque coloniale, de l'occupation japonaise, du chaos de l'indépendance, du communisme sous Sukarno et de la dictature militaire. Une douceur trompeuse imprègne pourtant le film de même qu'un onirisme qui freine parfois le récit. Mais il est agréable de se laisser emporter par son rythme lancinant, sa superbe interprétation et sa mise en scène langoureuse, particulièrement inspirée lorsqu'elle s'attarde sur l'amitié et la compréhension profondes entre deux femmes, tacitement unies malgré leur éventuelle rivalité, contre la domination du patriarcat.

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le 19 nov. 2022

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Une femme indonésienne
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