Une autre vie que la mienne est une véritable fresque qui s'étend sur plus de 40 ans d'histoire polonaise mais les événements politiques et sociaux ne sont qu'une toile de fond pour raconter une aventure intime, celle d'une personne née dans un corps d'homme et qui s'est toujours sentie femme. Dans ce corps étranger, Andrzej/Aniela se conforme d'abord à ce que la société attend de lui avant de ne plus pouvoir refuser les étapes de la transition. Le chemin est douloureux mais les réalisateurs, Malgorzata Szumowska et Michal Englert ont aussi voulu le rendre lumineux, avec une mise en scène parfois virevoltante et un récit qui, sans nier les difficultés et oppositions à un tel parcours, fait preuve d'une bienveillance constante, en restant au plus près de son personnage principal dans ses différentes épreuves. Jamais le film ne fait de chantage à l'émotion et joue avec pudeur sur les relations entre Andrzej/Aniela et sa femme, complexes et évolutives, et avec une famille déboussolée. Dans une Pologne où la liberté n'existe toujours pas pour la communauté LGBTQ, le message d'Une autre vie que la mienne est bien entendu capital mais le film, passionnant de bout en bout, ne mérite surtout pas d'être cantonné à cela. Il s'agit bel et bien d'un mélodrame rayonnant dans lequel Malgorzata Hajewska et Joanna Kulig sont absolument formidables.

Cinephile-doux
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le 30 mars 2024

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