Underworld est une saga d'une valeur affective plutôt considérable pour qui peut se targuer d’avoir été adolescent durant les années 2000.


Sans aucun doute, ce sont ses films qui ont su proposer la version la plus moderne du mythe vampire/loup-garou, tout en réussissant l’exploit de ne jamais basculer dans le kitsch ou le ridicule. Certes, il y a bien les tenues de combat en cuir moulant (héritage post-Matrix à coup sûr) et les lentilles de couleur bleu électrique dont l’usage faisait parfois un peu exagéré, mais tout cela n’existait qu’à l’aune d’un cadre parfaitement maîtrisé de fantasy moderne, où le bleu et le noir sont les couleurs dominantes et où d’excellents acteurs (méconnus pour la plupart) s’illustraient au sein d’une guerre dont les tenants et les aboutissants n’avaient que trop rarement été aussi bien contés.


En clair, une saga légèrement gothique et underground réservée à un public peut-être restreint, mais dont le potentiel avait su se maintenir au-delà du correct le temps d’au moins trois films.


Imaginez donc quelle amère réaction serait logiquement la nôtre en la voyant prendre une direction que l’on pourrait comparer aux films Resident Evil


Déjà le quatrième opus était un ratage complet, malgré une idée de départ pourtant prometteuse


La guerre entre lycans et vampires enfin exposée au grand jour, les humains impliqués, la suite des aventures de Sélène et Michael, la révélation d’une nouvelle variété d’hybrides en la personne de leur fille...


Ne serait-ce que parce qu’il ressemblait plus à l’exemple cité plus haut qu’à ses prédécesseurs.


On avait donc toutes les raisons du monde de se méfier de ce Blood Wars, dont les bandes-annonces ne mettaient pas vraiment en confiance.


Comme souvent lorsque l'on s’attend au pire, le film ne débute pas si mal. L’exposition, en particulier, est parfaitement réussie. Nous voilà donc de retour en Europe de l’Est (Hongrie ou Tchéquie, allez savoir), où l’on retrouve l’ambiance et les codes si caractéristiques à la saga de notre adolescence ; ainsi, les vampires sont à nouveau cloîtrés dans un manoir-forteresse réputé imprenable depuis des siècles (décor le plus impressionnant du film, qui aurait certainement gagné à être exploité davantage), tandis que les Lycans opèrent au grand jour depuis une gare, des égouts et autres endroits délabrés leur servant de bases. Les buveurs de sang se pavanent dans des atours gothiques/classes avec une élégance et un raffinement sans pareils, aux antipodes de leurs ennemis qui affichent un style SDF/punk avec sweats à capuches, treillis et rangers. Les sangsues, tels des politiciens, affichent un sourire hypocrite en surface mais ne songent qu’à se poignarder entre eux une fois le dos tourné, au contraire des clébards qui passent leur temps à se mordre la queue sous leurs formes poilues mais se tiennent bien plus dociles lorsque le mâle alpha fait son apparition... Bref, un sympathique retour aux sources, qui dans un premier temps fait son petit effet.


En addition à cela, la réalisatrice case ça et là quelques petits détails témoignant de son souci d'honorer la mémoire des précédents films (à nouveau les armes aux UVs mortelles aux chasseurs nocturnes, l'histoire d'amour entre le chef des Lycans et la vampirette sexy, les yeux devenant bleus lorsque les gugusses s’énervent, etc.), parfois même un peu trop (le nom du principal antagoniste, s’il n’aura pas manqué de faire rire les amateurs de Brice de Nice premier du nom, ressemble un peu trop à celui d'Underworld : Evolution). Enfin, l’introduction des personnages est bien filmée, remarquablement mise en scène et la photographie de qualité contribue à redonner un coup de jeune à la série.


Et puis le scénario vient ajouter son grain de sel, et là crac ! Les ennuis commencent.


Si l’on oublie un instant que les novices prépubères que Sélène doit former ne sont qu’un rajout inutile pour lequel seuls les amateurs de fétichisme/BDSM se prendront d’affection, que la comploteuse aux dents longues avec son esclave sexuel fait étrangement cliché, que Charles Dance ne fait pas long feu (à notre grand regret) et que toute la partie du milieu dans son ensemble est trop longue et mal rythmée, la suite est assez difficile à prendre au sérieux.


Même si l'on arrive à croire - ce qui n'est pas gagné - à une communauté isolée de vampires-vikings hippies et peroxydés dirigée par les sosies de Varys et Daenerys Targaryen, que le personnage le moins charismatique du film puisse être leur chef légitime, que le méchant ait une forme bestiale en CGI totalement foireuse et que Sélène meure et revienne comme une fleur après une séance de thalassothérapie au Walhalla, la bataille finale est tellement confuse et bordélique (seul le moment où les Lycans se servent d’une tourelle lance-grenade pour percer les vitraux de façon à laisser entrer la lumière du soleil est une idée créative et efficace), les révélations trop expéditives (pratique de supprimer un ancien protagoniste par un flash-back épileptique qui en montre le moins possible) et le dénouement tellement évasif que cela en devient exaspérant.


Côté acteurs, Charles Dance et Tobias Menzies sont ceux qui s’en tirent le mieux (heureusement que Game of Thrones est passé par là entre-temps) ; Lara Pulver (Irène Adler dans Sherlock) est décidément très à l’aise en femme fatale manipulatrice, mais son personnage aurait mérité d’être plus poussé, de même que celui de son bras droit/esclave sexuel, Bradley James (Arthur dans Merlin). Daisy Head est une agréable découverte, tandis que Theo James semble étonnement - et cela me coûte de le dire - plus crédible dans Divergente qu'ici.


Mais la principale crispation vient bien de Kate « Sélène » Beckinsale, symbole le plus emblématique d’Underworld, dont on lit bien dans le jeu et le regard qu’elle-même commence à se lasser de cette saga qui semble avoir monopolisé la majeure partie de sa carrière, et dont le sujet n’est clairement plus à la mode, tant les intrigues autrefois bien ficelées et pleines de rebondissements ne servent plus qu'à des blockbusters de commande calibrés et nanardesques.


Reste à savoir si un sixième opus viendra, d'un seul et même coup, clore pour de bon cette saga dans son ensemble et l'ennui qui s'installe...

reastweent
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le 1 mars 2017

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reastweent

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