Dans l'océan, personne ne vous entendra couler

L’activité d’une station de forage dans la noirceur des abysses réveille des créatures aquatiques monstrueuses. L’équipage n’a pas le choix, il doit s’enfoncer à pied dans les profondeurs inconnues de l’océan afin d’atteindre le seul et unique moyen de rejoindre la surface.



Un sentiment d’impuissance



Alien le Huitième Passager, The Descent, Leviathan, Abyss…Underwater n’a pas la prétention de réécrire un genre bien répandu mais de se servir allégrement dans les ingrédients essentiels d’un pur film de monstre. Exception peut-être à l’introduction du film qui opte pour une ouverture plus directe sans passer par les habituelles scènes de présentations de la station, de l’équipage, et du contexte. Un mal pour un bien dirons certains, mais le fait est que seul un générique typique des séries B servira la mise en place de l’histoire. Pas le temps de parler, pas le temps de poser l’ambiance, pas le temps de s’attarder sur la vie des personnages, pas le temps de présenter qui est qui, le film commence avec une Kristen Stewart interrompue dans son brossage de dents du matin à cause d’une violente explosion.


Le ton est donné. Le film ne concevra pas des idoles capables de faire admirablement face à toutes les situations les plus dangereuses et surtout pas dans ce contexte d’une ascension de monstres agressifs et inconnus venus du fond des mers. Nos héros ne sont rien d’autres que des gens normaux qui vont se retrouver face à un événement qui surpasse de loin l’humanité et son orgueil de penser maîtriser intégralement les terres, le ciel, et les océans. Ils vont devoir survivre, avancer impuissant face à la menace des profondeurs, et se rendre compte à quel point les envahisseurs ne venaient finalement pas d’en haut mais d’en dessous. Victimes, sacrifices, surprises, leçon de morale contre l’orgueil de l’Homme sont au programme.


Difficile de décrire l’ampleur de la menace sans gâcher la grande surprise du film, mais elle incarne à la fois la force et la faiblesse de Underwater. D’abord comme une menace cachée mais que l’on pressent facilement, l’adversaire est capable de soulever beaucoup de théories. Au moment de sa révélation, l’admiration et la déception lutte dans l’esprit du spectateur. La faute à la mise en place d’une merveilleuse énigme rappelant énormément de références pour les grands fans de monstre tout ayant à la fois un design intrigant, mais aussi paradoxalement flou et mal fouillé.



La foire aux clichés



Peut-être par manque d’ambition ou peut-être par fainéantise de copier les illustres concurrents, Underwater vit à travers d’évidents écueils. En effet, chaque membre de l’équipe possède la caractéristique typique du personnage que l’on rencontre forcément dans un film de ce genre. Le capitaine soucieux de son équipe, l’intello du groupe, la femme torturée, le comique de service. Tous dégoulinent de stéréotypes bien connus au point de saboter l’ambiance du film. Tout en s’accrochant fermement aux cases familières du genre, le scénario reste simple et est guidé par une direction digne d’un jeu vidéo classique : une menace, un moyen d’en échapper, un chemin dangereux à emprunter pour réussir l’objectif.


L’autre cliché ambulant est incarné par Kristen Stewart. En effet, dans un film de monstre les producteurs essayent généralement d’apporter une touche d’humanité à l’ensemble de l’intrigue avec une histoire annexe et dramatique provenant du personnage principal. C’est le cas de Kristen Stewart qui maintient le facteur humain avec quelques scènes sur son passé tortueux. Par ailleurs, on notera la référence évidente du personnage, dénudé à chaque instant si ce n’est en combinaison de plongée, qui cherche à battre le record de Ellen Ripley et sa culotte trop courte.



Par le fond



Avec son inspiration volontaire et sans réserve des plus grands représentants du genre, Underwater est un film de monstre qui a tout du petit plaisir coupable. Un plaisir modeste qui reste toute de même agréable avec ses morts assez violentes, son atmosphère proche d’un « Alien le Huitième Passager » au fond de l’océan, et bien sûr sa révélation finale tout de même intrigante.



C’est un bébé là ?!


Créée

le 3 avr. 2020

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Death Watch

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