Avant Daybreakers et Predestination leurs films de science-fiction signés par des majors, les frères Spierig se sont fait connaître dans les festivals avec ce premier long métrage, financé par leurs petites économies : Undead, petit film d’horreur australien sorti en 2003.

Peu de temps avant le revival zombie des années 2000, Michael et Peter Spierig veulent créer leur premier film horrifique, qu’ils veulent être capable de rivaliser avec d’autres sur les rayonnages des vidéo-clubs. Replacés dans leur contexte, les effets spéciaux numériques de l’époque tiennent la distance, malgré un ignoble filtre numérique pendant la première moitié du film. Les frères Spierig qui sont donc producteurs, scénaristes et réalisteurs sont aussi responsables de ces effets, qu’ils mettent au point sur des ordinateurs vieillissants pendant 9 mois. De véritables hommes orchestres.

D’autres effets physiques sont utilisés, dont le maquillage des zombies, assez classique mais réussi. Le film assure l’illusion dans ses décors, tous réalisés au sein d’un entrepôt, composés de différents accessoires récupérés ici et là, parfois mendiés, parfois volés, parait-il. La maison de Marion, grognon homme du coin, est donc une création pure cinématographique, pourtant elle semble vraie, extraite de ce contexte de petite ville australienne confrontée à des zombies.

Soyons honnête (surtout moi, vous ça va), cette invasion zombie, peu importe qu’elle soit australienne ou d’ailleurs, est alors une véritable plaie à subir. Un groupe de survivants, des zombies, rien de bien original, me disais-je, soupirant qu’un premier film de zombie ressemble toujours à film de zombie, recopiant ce qui avait été déjà fait. Merci George A. Romero. Merci Sam Raimi, car le film s’essaye aussi à un petit humour légèrement distancié, incarné par des personnages exagérés, pour la plupart insupportables.

L’héroïne principale, jouée par Felicity Mason, exorbite ses yeux (très bleus, très beaux, certes) la majeure partie du temps mais le pire vient de l’autre personnage central, Mason. Celui-ci se distingue du tout-venant, reconnaissons-lui ce point, en étant un ancien vendeur d’articles et de pêche et d’armes (ha les petites commerces ruraux), qui s’est coupé du monde. Pourquoi pas, avec sa tenue de fermier ou son chapeau bien rural il a une certaine allure, mais le film veut en proposer un homme mystérieux, qui en sait plus, mais qui se méfie de tout. Un gros ours qu’ils doublent d’un homme d’action « à la cool », avec ses deux revolvers qu’il sort de ses manches en l’air, ses acrobaties ou son triple fusil à pompes (soit trois flingues ensemble, allons-y). Inutile de dire que le mélange prend mal, entre cet homme rural, grognon et le côté cool, dont on peut sentir une mauvaise infusion de la Matrix, joué par Mungo McKay, bien peu convaincant.

Le film allait donc me sembler bien long, attendant le générique de fin comme l’ultime délivrance. Mais Undead prend une tournure bien singulière, en virant d’un seul bord dans la science-fiction. Quelques indices le présageaient pourtant, dont Mason répétant qu’il avait été victime d’un enlèvement, mais difficile de lui offrir du crédit à ce moment, tandis que le film n’aurait pas été le premier à vaguement supposer que l’invasion zombie proviendrait de l’espace, comme dans La Nuit des morts-vivants.

Dès lors, cette coloration science-fiction enfin révélée, le film prend une toute autre ampleur. Car, même s’il se révèle cryptique, l’arrivée de ces aliens ne se superpose pas à celle des zombies, ajoutant une nouvelle menace. Ces extra-terrestres ont d’autres intentions, dont la révélation est d’une originalité certaine, magnifiée par cette scène en avion révélant le sort des « kidnappés ». La fuite peu inspirée face aux zombies se laisse oublier, le scénario se dévoile, avec régulièrement de nouvelles idées dedans.

De film mal inspiré des habituelles références, Undead se dévoile alors bien plus original que prévu, hybridant alors l’horreur à la science-fiction dans ce cadre australien. Une fois ce cap passé, les faiblesses sont toujours là (même si le filtre numérique s’estompe et que Mason ne fait plus son action-man), mais la curiosité l’emporte, avec cette satisfaction d’aller sur un chemin qu’on n’attendait pas à emprunter. La première partie aurait dû être mieux menée, c’est évident, tout le film dans la même veine et il aurait été une bouse. Mais en regardant le film depuis la hauteur de sa conclusion, il faut lui reconnaître qu’il se révèle indépendant et amateur, ce qui est à la fois une force et une faiblesse, mais surtout que les frères Spierig s’en sont bien mieux sortis que ce qui était craint.

SimplySmackkk
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le 9 avr. 2024

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