Un homme et son chien par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Critique éditée le 22 octobre 2021

.

Après le décès de son mari, Jeanne qui est une bien séduisante veuve a décidé de vivre avec Charles, le meilleur ami de son défunt époux. Tous deux étaient de vieux compagnons de "la Marine Nationale". Charles n'est pas au mieux. Il entre dans le "troisième âge" et la maladie le tenaille, la difficulté de son élocution en témoigne. Il s'est fait un ami très proche et à toute épreuve qui se fiche de son état et qui le suit, le surveille et l'observe, c'est Monchien un adorable petit basset griffon vendéen.
Dans cette belle demeure des quartiers chics de Paris, dans laquelle les réceptions sont nombreuses, il y a également la jeune servante Leïla qui se retrouve enceinte d'un père (peut-être) inconnu et vivant de maigres revenus.
Le jour où Jeanne fait la connaissance d'un nouveau "coup de cœur", elle décide de demander à Charles de quitter les lieux dans les plus brefs délais. C'est ainsi que sans le sous , l'homme qui garde toute sa dignité se retrouve dans la rue avec son fidèle petit chien, sa seule compagnie.

Avec son chapeau sur la tête, sa cravate et son pardessus, le petit chien à ses côtés, Charles avec quelques petits billets en poche sait très bien que les temps seront maintenant très durs. Toutefois l'homme ne s'est pas départi de sa compassion pour les autres. Il revoit Leïla parfois et tente encore de l'aider comme il peut afin que l'enfant qu'elle porte puisse arriver dans les conditions les moins mauvaises.
Le monde de la rue n'est pas des plus simples car lorsqu'on passe d'un coup d'un certain confort au trottoir, lorsqu'on recherche un peu de chaleur auprès de certains compagnons d'infortune. Charles en fait chaque jour, chaque nuit, la triste expérience. La maladie se réveille, les anciens copains ont eux aussi vieillis et ne sont plus en capacité de donner le petit coup de main escompté. Les maigres espoirs s'évanouissent et Monchien que va t-il devenir ? Lui aussi n'a que son maître dans sa vie de toutou.
Les espoirs de Charles s'amenuisent toujours un peu plus. Le car chauffé de la soupe populaire le réconforte à peine. Sa vie est foutue. La maladie et le moral qui s'épuise autant que les forces finissent par amener le désespoir en laissant entrevoir le tunnel, celui de la fin d'une vie pourrie. Sa seule récompense: avoir peut-être aidé du mieux qu'il a pu Leïla et puis Monchien qui risque de passer quelques jours en fourrière avant une fin tragique. Triste fin, les miracles sont bien rares pour les malchanceux...

Lorsque je vois la grande majorité des notes, j'en arrive à me demander si nous avons vu le même film, vécu la même intrigue et vagué dans la peau des mêmes personnages car personnellement j'ai trouvé ce film "prenant" et bouleversant.
Bien sûr l'intrigue est un peu conventionnelle, celle d'un homme brisé par la vie et dans son honneur, un homme qui continue néanmoins à se battre jusqu'à en être blessé dans sa chair. C'est cet homme que l'on suit avec son fidèle petit compagnon qui contribue à le maintenir à fleur d'eau avant une noyade de plus en plus certaine, cet homme qui veut consacrer ses dernières forces pour réconforter Leïla , cet homme qui ne demande plus rien pour lui mais qui aura lutté jusqu'au bout en compagnie d'un handicap qui ne le lâchera jamais.
En partant de ce portrait magnifiquement réalisé par Francis Huster, il est vrai que nous avons devant nous sur l'écran un héros qui s'est transformé. Le jeune "aventurier" bondissant, le flic justicier infatigable, le cascadeur de talent s'est subitement transformé. Il est là plus vrai, plus humain, on ne l'admire plus mais on le plaint et effectivement je l'adore dans ce film car jamais il n'a été aussi vrai notre Bébel. Monsieur Jean-Paul Belmondo est comme ça et cette œuvre est en fait le miroir de sa vie. Le ciel était tout bleu et tout à coup un nuage s'installe et il pleut des larmes de désespoir avec des idées aussi noires que le vilain nuage. L'artiste a la fierté et le courage, entouré de quelques excellents comédiens, de nous associer à son dernier tournage. Le sait-il? Certainement. Il ne voulait pas manquer ce dernier rendez-vous avec un public qui a peut-être manqué de ferveur en ne voulant pas voir un homme diminué et c'est dommage. Il était juste venu nous dire au revoir.
Bien sûr l'intrigue n'est pas d'une grande originalité mais parfois la vie en manque surtout lorsqu'elle se termine mais c'est tellement émouvant, humain et souvent difficile.
Dans les toilettes d'une gare, Charles regarde attentivement son visage dans une glace. Il est absorbé par celui-ci, il ne se rend même plus compte de ce qui l'entoure. Il se dit adieu avant de partir vers le tunnel incertain.

Merci encore à Francis Huster pour cette œuvre qui va baisser avec beaucoup de talent et de retenue le rideau de la plus belle manière qui soit. Et merci aux autres excellents comédiens qui ont accompagné une dernière fois à l'écran notre Bébel national.

.

Lien du film:https://www.youtube.com/watch?v=_Ow6Yu-vVjM

.

Box-Office France: 202 264 entrées

Ma note: 8/10

Créée

le 28 nov. 2023

Critique lue 896 fois

33 j'aime

35 commentaires

Critique lue 896 fois

33
35

D'autres avis sur Un homme et son chien

Un homme et son chien
takeshi29
2

Procession funéraire ou véritable film ?

J'ai été ému pendant toute la durée de ce film mais pour de mauvaises raisons. Peut-être cela part-il d'une bonne intention de la part de Francis Huster de vouloir rendre hommage au grand Belmondo,...

le 13 juin 2011

19 j'aime

3

Un homme et son chien
AMCHI
6

Ce n'est pas si mauvais que cela

Vu le nombre de critiques négatifs, je pensais franchement qu'Un homme et son chien serait mauvais mais je l'ai regardé pour Jean-Paul Belmondo, mais sans être du grand cinéma je trouve que c'est...

le 27 avr. 2014

6 j'aime

4

Un homme et son chien
Reureune
10

Critique de Un homme et son chien par Reureune

Je ne comprends pas pourquoi cette magnifique mais ô combien tragique histoire a été à ce point décriée par les critiques. Personnellement, j'ai rarement autant été ému par un film. Etant un...

le 3 janv. 2020

5 j'aime

5

Du même critique

Amadeus
Grard-Rocher
9

Critique de Amadeus par Gérard Rocher La Fête de l'Art

"Pardonne Mozart, pardonne à ton assassin!" C'est le cri de désespoir d'un vieil homme usé et rongé par le remords qui retentit, une triste nuit de novembre 1823 à Venise. Ce vieil homme est Antonio...

176 j'aime

68

Mulholland Drive
Grard-Rocher
9

Critique de Mulholland Drive par Gérard Rocher La Fête de l'Art

En pleine nuit sur la petite route de Mulholland Drive, située en surplomb de Los Angeles, un accident de la circulation se produit. La survivante, Rita, est une femme séduisante qui parvient à...

166 j'aime

35

Pierrot le Fou
Grard-Rocher
9

Critique de Pierrot le Fou par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Ferdinand Griffon est entré malgré lui dans le milieu bourgeois par son épouse avec laquelle il vit sans grand enthousiasme. Sa vie brusquement bascule lorsqu'il rencontre au cours d'une réception...

156 j'aime

47