C'est une invitation à tout ce que peut offrir le cinéma en terme d'expérience sensorielle et onirique que propose Bi Gan avec Un Grand Voyage vers la Nuit, dans la lignée et l'inspiration de Wong Kar-wai, Lynch voire Tarkovski, sans pour autant être dans le plagiat, loin de là.


Le film est clairement scindé en deux parties distinctes et le récit parait d'abord simple et concret, celui d'un homme recherchant une femme disparue, mais très vite on finit par s'y perdre. Ce n'est aucunement problématique, l'atmosphère est envoûtante, les idées de mise en scène sont nombreuses et le mystère est total, on est plongé dans l'esprit du protagoniste et c'est fascinant.


L'auteur donne l'impression que les deux parties du film se répondent, des séquences de la première trouvent une interprétation dans la seconde, et on tente, tant bien que mal, d'assembler des pièces de ce puzzle. On peut surement y voir de nombreuses pistes et réflexions, et c'est celle sur la mémoire qui m'a le plus marqué, mais aussi sur la réalité et la perception de celle-ci, l'importance du rêve, ce qu'il offre et surtout ce qu'il dit sur la personne, ici c'est dans un rêve que les questions vont trouver une réponse ou des pistes.


Ce qui marque aussi, c'est la plongée dans la Chine contemporaine, le soin apporté au décors et la façon dont ceux-ci sont sublimés et font corps avec l'atmosphère. Celle-ci doit ses émotions à la mise en scène de Bi Gan, maniant sa caméra avec génie, créant des plans séquences vertigineux, utilisant la musique et les lumières avec brio, sachant parfaitement épouser la vision de son protagoniste. Il nous fait entrer dans son esprit avec sa caméra, offrant une plongée dans son passé et ses tourments, où les mots peuvent être remplacer par des images et de simples gestes.


Bi Gan propose avec Un Grand Voyage vers la Nuit un cinéma envoûtant et sensoriel, nous plongeant dans la Chine contemporaine et dans l'esprit torturé d'un homme, avec plusieurs méditations, sur le temps ou la mémoire, qui vont ne faire qu'un avec une mise en scène brillante, immersive et vertigineuse.

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le 21 juil. 2020

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Docteur_Jivago

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