THROW A PUNCH FOR ME (PLEASE...)

• Bon, premier film réalisé par M. Eastwood, j'avais envie de voir ça...

Résultat : petite (mais heureuse) déception même s'il m'est assez simple de relativiser en disant que c'est tout de même son premier film !

Le début semble prometteur : Clint, Dom Juan des temps modernes accoudé au comptoir d'un bar, rencontre Evelyn, une fan de son émission de radio.
En bon gentleman, il la raccompagne chez elle et passe la nuit à lui tenir chaud.
Mais cette dernière devient très vite envahissante voire complètement étouffante.
Que va-t-il donc se passer ? Clint gardera-t-il son sang-froid face à cette femelle hystérique ? (le terme de femelle, bien qu’humoristique, est presque adéquat ici tant le personnage d'Evelyn est présenté comme hypersexualisé, la tension du film étant avant tout sexuelle)

Ces questions n'ont bien sûr aucun intérêt, personne ne se les pose et au bout de dix minutes, on sait déjà comment va se finir cette histoire...
Le scénario s'essouffle donc très rapidement; je veux dire, c'est bien gentil cette histoire de femme hystérique mais le personnage de Clint lui-même, ce bon vieux Dave, a l'air de s'en foutre pas mal de la folie d'Evelyn, rien ne semble l'étonner... Ah bah, il faut croire qu'elles sont toutes comme ça !

Niveau réalisation, c'est maladroit et assez faible : le cadrage est mal maîtrisé, le découpage n'est ni fluide ni dynamique (c'est embêtant pour un film qui essaye de mettre en oeuvre un certain suspens), le mixage est parfois dégueulasse et les bruitages ridicules (la voiture avec son moteur de moto d'Action Man...).
WAW, des panoramiques sur des gens qui marchent, de multiples plans sur les trajets en voiture, c'est génial !!!
Tout cela devient vite hors-propos, nuit à la narration et casse le rythme...
Si dans Play misty for me, Clint manifeste déjà son amour pour le jazz à travers la bande-son, était-ce bien nécessaire que la scène du festival dure si longtemps ? Gros problème de rythme à l'échelle du film encore une fois.
C'est sans parler des mini-cliffhangers ridicules dignes d'une vieille série TV et de la scène du couteau... que l'on pourrait dire "entre rêve et réalité" hmmm...
ou bien était-elle juste très mal mise en scène ? Oui, ça doit être plutôt ça.

La scène d'amour avec la "girlfriend" reconquise est ridicule, c'est un amas de clichés du genre : on fait l'amour dans les bois, l'herbe se froisse, puis on s'enlace sous un coucher de soleil avec une mer passionnée à l'arrière-plan... Il ne manquerait plus que du Gilbert Montagné pour la bande-son... Et Bourdieu pour dire que tout cela fait très beauf.
J'ai failli passer la scène pour tout dire, non pas par pudeur, pensez-vous, mais pour sauver l'honneur d'un Clint étonnamment mièvre et fragile...

Enfin, le film se termine de manière totalement abrupte, presque en pleine action, comme s'il fallait se hâter d'expédier cette histoire insensée...

--- SPOIL ( mais on s'en fout, c'est pas comme s'il y avait du suspens ) ----

On s'attendrait presque à ce que le cadavre de cette brave Evelyn (qui était juste amoureuse finalement, bah voui, les femmes sont féroces en amour, retenez la leçon !) bouge encore dans l'eau et remonte la falaise de manière inexplicable pour poignarder Clint encore une petite cinquantaine de fois...

---- FIN DU SPOIL QUI N'EN EST PAS VRAIMENT UN ----

Le rôle de Clint est assez plat et, même si du coup le film est plutôt drôle et permet de découvrir la première oeuvre d'un réalisateur talentueux qui a appris sur le tas, il reste plutôt ennuyeux (même Pink Cadillac m'a plus exalté...).
Le spectateur n'a même pas le droit à une vraie bonne scène où Clint se met en colère (et pourtant il y a de quoi) !

Finalement, on en vient à se demander pendant tout le film pourquoi il ne lui a pas mis plus tôt son poing dans la figure... Parce que franchement, il est trop gentil Clint là ou alors trop je-m'en-foutiste, elle fait quand même pas si peur que ça cette Evelyn, ça reste une femme et on connaît tous le sort que Clint réservera aux femmes par la suite, c'est peut-être pour se venger de celle-ci finalement... Bah oui, la voilà l'explication !

Mais on pardonne tout à Clint qui réalise deux ans plus tard L'Homme des hautes plaines dans lequel il revient plus viril que jamais et où les femmes attaquent, là encore, à coups de ciseaux...
Alors Messieurs, prenez garde aux femmes portées sur les objets contondants !