Alors oui, ce film ne mérite peut-être pas 8 et j'ai souvent une "légère" tendance à pardonner beaucoup à Clint Eastwood. Mais faut pas oublier non plus que ce film à 40 ans, qu'il a été réalisé avec peu de moyen et à domicile (Carmel et ses alentours dont Eastwood deviendra maire) et surtout que c'est la première réalisation officielle de Clint Eastwood. Nombreux sont les réalisateurs qui aimeraient réussir une première oeuvre de cette qualité.

L'histoire commence comme une banale histoire de jalousie. Dave Garver, petite sommité locale du Sud de la Californie car animateur d'une émission radio sur le jazz, rencontre "par hasard" dans un bar une de ses plus grande fan, Evelynn Draper (à noter, en passant une technique de drague assez originale...).
S'ensuit ce qui s'ensuit, une histoire d'un soir (ce qui semble le quotidien de Dave). Sauf qu' Evelynn s'accroche, devient de plus en plus étouffante et montre quelques signes inquiétants. Rien de grave jusque là, Dave est tombée sur une possessive, pas de bol. Il va juste falloir la larguer histoire de retrouver une petite tranquilité. Sauf que....
Sauf qu' Evelynn ne l'entend pas de cette oreille, sombre de plus en plus dans la folie et la violence. Et comme de l'amour à la haine, il n'y a parfois qu'un petit pas à franchir......

Et là, Jessica Walter est parfaite dans ce rôle, jouant de ses intonations de voix, de ses regards un peu perdus, naïf ou colérique pour nous montrer tout d'abord une certaine instabilité mentale puis la folie meurtrière. Elle n'en fait pas trop et reste crédible. Flippant. Quand à Clint, il fait du Clint donc de la qualité (j'adore son expression du mec sans voix blasé).

En ce qui concerne le Clint réalisateur, il nous propose de superbes plans tel celui d'ouverture, sans musique, où l'on suit la côte Californienne en travelling et du ciel pour finir en plan serré sur Dave, debout sur une terrasse en bord de mer ( le plan final sera le même mais inversé, on s'éloigne de la scène finale en montant dans le ciel, une de ses marques de fabrique). Il arrive à bien faire monter la tension progressivement jusqu'au déchaînement de violence final. Il a été à bonne école avec Don Siegel.
Les dialogues sont bien ficelés, surtout les affrontements verbaux pince sans rire (Dave vs l'inspecteur, Dave vs le barman, Dave vs son collègue) où les répliques fusent du tac au tac dans la veine des futurs Dirty Harry.
Et pour finir la bande originale envoie du bois, mais pouvait-il en être autrement avec un vrai connaisseur de musique.

Mais quelques maladresses sont présentes: les gros plans répétitifs sur les yeux de ses personnages pour accentuer la peur (à la façon "Plus belle la vie", faut dire la subtilité......excusez la référence), une "trop" longue scène romantique un peu cliché (mais avec la superbe " The First Time Ever I Saw Your Face" de Roberta Flack), un plan copinage avec le concert live de Monterey (là, une de ses passions étant la musique, il se fait plaisir mais n'apporte rien au film). Bref des erreurs de débutant qui peuvent être compréhensives.

Je mets 8 parce que c'est un bon thriller avec une bonne actrice,parce que tout le monde ne peut pas égaler Hitchcok, parce que j'adore le cynisme et la cruelle ironie de la scène finale où il s'entend à la radio dédicacer "Misty" à sa tendre Evelynn, parce que c'est le début de l'histoire de l'un de mes réalisateurs cultes, parce que ce film ouvre la voie à de nombreux autres sur ce thème ("Liaison fatale", "Misery", Basic Instinct".....), parce que j'adore l'atmosphère des 70's, parce que c'est Clint!

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le 22 oct. 2012

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Kowalski

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