Du Tavernier milieu de tableau. Soit la chronique d’une famille bourgeoise du début du XXe siècle, réunie le temps d’une journée dans le domaine valdoisien du patriarche. Un peintre veuf et usé qui refuse de se soumettre à cette usure, continuant d’accueillir les visites dominicales de ses enfants et petits enfants à la gare ferroviaire, quand bien même il soit de plus en plus en retard au rendez-vous. Le film est traversé par deux forces.


 D’abord l’affrontement invisible de ses deux enfants, Gonzague (incarné par Michel Aumont, très bien) un garçon vieillissant et ennuyeux, plein de convenance, professionnelle et familiale ; et Irène (Sabine Azéma, qui joue un peu trop de son hystérie) l’anti-conformiste, femme moderne, libérée qui a choisit son indépendance et qui débarque par ailleurs ce jour-là complètement à l’improviste.
Ensuite par l’imminence de sa mort, traduit notamment par une idée, la seule idée forte du film : Tandis qu’il l’accompagne dans ses jardins, Gonzague a soudain la vision d’être au chevet de son père défunt. Ce qui est très beau lors de cette séquence, c’est sa soudaineté au point que l’on ne sait pas bien, le temps d’un instant, s’il s’agit d’une vision, d’une prémonition ou plus frontalement d’un saut dans le temps au sein duquel le film, désormais, évoluerait. C’est très troublant et dans un film aussi peu inspiré, c’est plutôt bien vu.
Il faut par ailleurs rappeler que Tavernier s’inspire du roman de Pierre Bost, Monsieur Ladmiral va bientôt mourir. Il y avait probablement moyen d’être plus subtil. Il y a bien ce plan, similaire en ouverture et en clôture, sur un arbre doré dans le jardin, mais il y a aussi à l’opposé une voix off aussi inutile qu’elle est pénible. C’est pas Partie de campagne. Impossible de ne pas y songer et donc de l’y comparer : En « peignant » par l’intime la fin d’un monde, Tavernier semble vouloir se loger aussi bien entre Renoir fils que Renoir père. Ça manque un peu d’envergure et d’intensité.
JanosValuska
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le 15 mai 2020

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