Bruno Dumont quitte pour la première fois Bailleul la durée complète d'un film et pas pour n'importe quelle destination... eh oui, les States, America Fuck Yeah, et plus précisément la Californie. Il n'aurait pas dû.


Bon, alors, on va suivre un couple dans lequel règne l'incommutabilité (barrière des langues, différence de comportement !). La seule chose dans laquelle il se retrouve, c'est la baise. Donc un coup, il y a une scène de dispute, la fois d'après, une scène de baise, puis une scène de dispute, et puis une scène de baise... ouh là, il y a deux scènes de baise à suivre là... pas grave, on a ensuite deux scènes de dispute pour compenser... c'est mathématique... Ah oui, j'ai oublié, il y a aussi une scène de pisse, je préviens pour les amateurs de golden shower... Oui, c'est ça pendant 100 put.... d'interminables minutes. Si vous êtes insomniaques et que vous ne souhaitez pas creuser le trou de la Sécu, ce film est la solution idéale.


Pour finir, le réalisateur (souhaitant certainement réveiller les quatre-cinq du fond ne s'étant pas barrés, car dans les bras de Morphée !) met en scène deux séquences de violence grand-guignolesques qui achèvent de ne pas vouloir faire prendre le tout au sérieux.


Ouais, mais vous allez me dire que le fait d'endormir (verbe employé d'une façon métaphorique !) ceux et celles qui regardent est un moyen pour rendre l'irruption de la violence plus percutante, fracassante. Je crois que c'était William Wyler qui disait que le meilleur moyen de rendre une séquence importante encore plus impactante, c'est de plonger d'abord le spectateur dans la banalité durant les moments précédents. Le bien-fondé de cette pensée peut se retrouver notamment à travers l'utilisation magistrale qui en est fait dans Three Billboards avec le shérif incarné par Woody Harrelson (les personnes ayant visionné ce film comprendront de quoi je parle précisément !). Mais, pour le cas précis de Twentynine Palms, passé outre le ridicule de la réalisation précédemment évoquée, en 100 minutes, on a trop largement le temps de s'endormir (verbe employé d'une manière pas du tout métaphorique !) pour qu'il y ait le moindre effet.


Et il faut ajouter, comme si ce n'était pas suffisamment à chier sans cela, que l'interprétation n'aide pas. Difficile de comprendre plus de deux-trois mots sur dix prononcés par Katerina Golubeva (ce n'est pas comme si ce problème n'était pas déjà apparu auparavant dans le jeu de l'actrice dans Pola X, donc Dumont ne peut pas sortir l'excuse de ne pas savoir dans quoi il s'engageait avec elle !). A contrario, le jeu du partenaire anglophone masculin n'exige pas son C1 dans la langue de Shakespeare puisque chacun de ses mots est appuyé avec une absence de naturel déconcertante.


J'en parle des parties de jambes en l'air dans lesquelles les deux acteurs croient que crier le plus fort possible fait plus réaliste ?


Heureusement que le cinéaste a pris son billet retour après cela.

Plume231
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le 21 févr. 2022

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