C'est très tentant de juger True Romance comme un film de Tarantino plus que comme un film de Tony Scott, mais je vais tenter d'être objectif. De toutes façons dans les deux cas, autant le dire d'emblée, le visionnage est une déception à la hauteur du statut culte dont jouit le film. La "true romance" en question apparait au final bien banale, de même que cette histoire de drogue qui convie crapules stéréotypées et caricature du Hollywood qui se défonce en permanence.
Scott essaie surtout de se démarquer sur deux tableaux : l'ultra-violence, malheureusement ici ni graphique ni crédible, et un besoin maladif de se donner un air cool en enfilant les références inutiles et en plaçant des écrans de télé un peu partout pour que Tarantino nous montre bien à quel point il connait son anthologie du Z sur le bout des doigts (de pieds, de préférence, merci pour lui).
Bon en fait c'est impossible de parler du film sans le rapporter à Tarantino. Son scénario n'a rien de honteux, il faut le souligner, hormis peut-être le fait que le point de départ ressemble furieusement à un fantasme de geek égocentrique. Mais encore une fois je n'y ai rien trouvé qui me fasse grimper au plafond. Or aujourd'hui on sait de quoi il est capable lorsqu'il s'agit de broder des intrigues complexes et jouissives autour de dialogues magistraux. Rien de tout ça ici, juste de quoi tenir bon sans trop s'ennuyer jusqu'au coup de sifflet final. Peu importe le casting de fada, de toutes façons aucun ne passe assez de temps à l'écran pour pouvoir approfondir son personnage.
Dans le genre love story sanglante 90's, True Romance reste pour moi assez loin derrière Tueurs Nés et Wild at Heart, deux films autrement plus charismatiques et cinglés. Il peut néanmoins se voir comme le témoignage d'une époque révolue où Tony Scott ne forçait pas son monteur à se défoncer aux amphéts.