Pour mes 18 ans, Schwarzy met la Totale au Djihad Rouge

A ce que l'on dit, 18 ans, c'est quelque chose de grand, qui te change la vie. Paraît-il que je suis devenu un adulte. Vais-je changer? Pas du tout, je vais continuer à regarder mes films de merde, mes bons vieux Schwarzy, pour fendre la gueule des méchants communistes, et du Djihad Rouge, tant qu'on y est, parce que merde, c'est ça la vie : la mal bouffe, et le cinéma pétaradant.


Non parce que c'est cool de voir des films d'auteur, des Michael Haneke en puissance, mais au bout d'un moment, j'ai mon côté animal qui ressort, et faut que je me refasse un Schwarzy bien bourrin. Pour mes 18 ans, outre Predator, j'ai donc replongé dans "True Lies", soit disant remake de "La Totale", série b française tenue par une bande de bras cassés de notre cinéma, et réalisée, bien évidemment par le seul réalisateur que l'on avait dans les années 90, aka Claude Zidi.


Ici, c'est notre bon vieux pote Schwarzy qui prend la place de Thierry Lhermitte, histoire de casser quelques bras en plus. Je pense que le fossé entre les deux est évident; niveau charisme, c'est le jour contre la nuit, le Spider-man de Sam Raimi contre celui de Marc Webb; c'est un peu la différence entre Sly et Charlotte aux fraises, entre Statham et Dora l'exploratrice; en gros, ça tabasse sec des pattes de cheval.


Notre Lhermitte national était convaincant dans la Totale, mais faut quand même dire que le film volait pas bien haut, quoi; c'était pas air France, plutôt du Costa ( non pas Ricard, bande d'alcooliques ). La tâche de le remaker incombe donc à James Cameron, autant qu'elle lui décombe.


Autant vous dire que le résultat final est à belle lurette du brouillon initial. Non parce que c'est beau de vouloir défendre notre cinéma, mais quand tu vois ce que le mec a fait d'une simple série b sans prétention aucune, tu te dis que des fois, les remakes ont du bon. Y'a qu'à voir le pied que prend Schwarzy a jouer les James Bond allemands. Rien que ça, ça vaut le putain de détour.


Et puis, ce sens de la démesure propre aux grands actioners de l'ancien temps est, tout de même, pûrement fantasmagorique; des films comme ceux là, on n'en fait plus, c'est clair. D'une certaine manière, c'est regrettable, tant les films d'action ne parviennent plus, dans la grande majorité des cas, à se faire une personnalité propre, unique, qui les diffèrerait les uns des autres ( là, je pense notamment à Jaume Collet-Serra, Antoine Fuqua et José Padilha ).


Là est un aspect regrettable, mais qui ne les handicape pas plus que ne le ferait des incohérences dans un actionner des eighties. Et des incohérences, il y en a, ici; un bon paquet, même. Seulement, un détail est à signaler, et qui nous permet de mieux comprendre ma note : l'oeuvre s'assume plein pot, comme une comédie de Simon Pegg.


Le mieux dans tout cela, c'est que "True Lies", donc James Cameron et toute sa clique, revendiquent les erreurs de scénario, les conneries abracadambesques, pour nous fournir un tableau débridé, assumé, renforcé par le coup de pinceau de Schwarzy, un coup en pleine gueule, genre la claque monumentale d'un Monsieur univers, qui craint pas même Dark Vador.


De plusn "True Lies", dans ses airs de divertissement décérébré, se révèle surtout comme un vibrant hommage au genre, une lettre d'amour de tous ces actionners des années 80, alors que 2000 arrive, amenant, avec elle, une future révolution cinématographique, "Matrix", et la fin du règne des cowboys capitalistes, de tous ceux ayant fait les joies de mon enfance.


Et il y a quelque chose de profondément anachronique, dans ce film : entre une introduction à la James Bond ( notamment ceux de Datlon, mais bien plus ceux de Brosnan ), une scène dans les toilettes rappelant Terminator 2 ( notamment dans sa gestion des plans, des ralentis et de l'esthétisme même du tout ), et la reproduction, plus ou moins fidèle, des plans de la scène de la cabane du génial "Commando", l'on se croirait tout droit plongé dans les années 80, alors que "Terminator 2" et "Reservoir Dogs" n'était pas encore sortis.


Et puis merde, Schwarzy il envoit quand même un mec contre l'hélicot des méchants, accroché à un missile superexplosif. Il fait même du cheval dans un ascenseur. Un sacré cru que ce film ci, donc. Pur délire des années 90, faisant écho à la décennie précédente, la plus prolifique en matière de films d'action, véritable coup de coeur de mon enfance, celle qui m'a batti une culture, sinon une jeunesse. Y'a pas à dire, je vais pas vous mentir, c'est un grand film. Là est la vérité vraie, autant que cette critique était faîte de mensonges vrais.


http://avion.blogs.allocine.fr/2016/02/true-lies-1994-pour-mes-18-ans-schwarzy-met-la-totale-au-djihad-rouge.html

FloBerne

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