juil 2010;

Après l'échec monumental que me valut la découverte de "L'intrus", mon premier Claire Denis, je réitère une tentative pour faire plaisir à ma femme, grande fanatique de la cinéaste. Et rebelote, je me vautre en m'emmerdant. Malaise.

Pourtant sur le papier, le film avait du piquant, de quoi satisfaire un oeil plus coriace, de quoi amadouer le plus chafouin. Hé bien, manquate, une fois de plus, le rythme volontairement lent des scènes, "contemplatif" dit ma femme pour être moins péjoratif a eu raison de mon engouement éventuel. Par moments j'ai songé à ma dernière pénible déception devant un Antonioni. "L'éclipse", si mes souvenirs ne me font pas une blague, avait constitué une dure épreuve. Avide d'image, je cherche souvent, pour ne pas dire toujours, trop sans doute, à vouloir comprendre chaque plan, pourquoi telle séquence a été conçue, pensée puis mise en scène. Ici je me demande encore pourquoi Claire Denis filme le recul du camion au début du film par exemple. Pourquoi ne coupe-t-elle pas de nombreuses secondes qui me paraissent inutiles? Pourquoi lui semblent-elles nécessaires? Pourquoi je ne comprends pas et n'apprécie pas ce cinéma là? Un mystère frustrant. Pas grave mais frustrant.

Ma femme évoque l'incroyable sensualité qui se dégage de la manière de filmer les corps, au plus près, au ras de la peau et des poils, alors que j'ai la triste expérience de ressentir l'exact contraire, de trouver ces gros plans quasi illisibles, pas excitants du tout surtout quand on sait sur quoi ils débouchent, un gore de la plus belle eau, d'un réalisme les plus nauséeux.

Quant à la relation ténue entre vampirisme et libido, elle reste toujours intéressante malgré ses cheveux blancs. Cette théorie, s'agit-il vraiment d'une théorie?.. plutôt d'un lien consubstantiel entre vampirisme et sexualité mais le terme théorie est plus pratique, vous en conviendrez, bref cette théorie par essence est éternelle et renouvelable à l'infini. Aussi vouloir renouer avec cette mythologie est une aventure artistique tentante. Malheureusement, cette trop lente agonie de l'histoire qui n'en finit pas de me faire bailler m'empêche de réellement m'impliquer dans sa lecture. Les personnages enfermés dans leur mutisme restent des images floues, sans corps, sans aspérités auxquelles me raccrocher. Les comédiens jouent bien mais ça m'est égal.

C'est toujours embêtant de ne pas pouvoir partager l'élan ou l'enthousiasme de sa conjointe. Aussi à ma frustration se mêle une petite gêne. Chérie, je réessaierai.
Alligator
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le 13 avr. 2013

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