C'est une histoire de confusion des genres, une histoire vieille comme la littérature que nous raconte Trois Nuits par Semaine, mais que Florent Gouëlou traite avec style et modernité. Baptiste découvre le monde du drag lors d'un reportage photo censé documenter le travail de sa petite amie infirmière et tombe amoureux de Cookie, alias Quentin (sans maquillage ni faux cils). Il va devoir confronter son ordinaire à la complexité de ses sentiments pour ce garçon en talons hauts.

La romance n'est pas la partie la plus réussie du film. Elle est globalement attendue, un peu superficielle dans son écriture, et on y aurait volontiers ajouté un peu de folie. Les quelques longueurs du film, qui aurait mérité d'être plus condensé, viennent de là.

En revanche, l'immersion dans le milieu drag est une franche réussite. La mise en scène est sophistiquée et joue admirablement bien avec les lumières artificielles et la flamboyance des Queens, elle rend justice à leur art. Les scènes de fête, de performances, sont ainsi particulièrement bien rendues et le réalisateur joue parfaitement du contraste avec le quotidien diurne, forcément plus fade. Une belle maîtrise formelle pour un premier film, accompagné d'une très efficace direction d'acteurs, les interprètes brillant dans la nuance et l'émotion, Pablo Pauly en tête. Romain Eck endosse les tenues extravagantes de la charismatique Cookie, qu'il a crée dans la vraie vie, et joue sans maquillage son alter ego Quentin. Cela brouille un peu plus la limite entre fiction et réalité. Car Trois Nuits par Semaine a aussi une portée quasi documentaire. Il suit une Queen en pleine ascension sur la scène Drag (comme la vraie Cookie) et saisit quelque chose qui change dans la société. Si la haine et la peur menacent toujours, les regards évoluent et elles sont en train de troquer leur statut de créatures de la nuit pour celui d'artistes (que le phénomène Drag Race ne fait qu'accentuer).

Mais le film reste avant tout un comédie romantique atypique, avec ses défauts et ses maladresses mais aussi un message de tolérance et d'acceptation de soi pas si banal dans un cinéma mainstream. Une solide entrée en matière pour le néo-réalisateur.

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le 21 nov. 2022

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