Trois fois rien

Trois SDF découvrent leur victoire au loto en épiant les télés du voisinage à l'aide de jumelles. Ils essaient de retirer leur gain mais, bien que ce ne soit pas le gros lot espéré, une telle somme nécessite un imposant dédale administratif pour un sans-domicile fixe.
La première partie du film se concentre sur ce parcours du combattant en enchaînant plusieurs blagues et gags convaincants. Surtout, ceux-ci évitent de tomber dans le piège qu'on pourrait redouter du thème du film. Le regard n'est pas moralisateur. Il est au contraire bienveillant et ne cherche pas appuyer sur la situation de ses personnages. La première partie se termine d'ailleurs sur une scène émanant d'une belle idée : filmer le déménagement de ces trois compères. Être SDF aux yeux de l'administration ne veut pas dire qu'il n'y a pas eu de domicile où accumuler des souvenirs.

La deuxième partie, une fois qu'un logement a été trouvé, suit le même développement pour l'appliquer aux personnages eux-mêmes. Chacun des 3 SDF ne suivra donc pas la même direction, bien qu'ils habitent ensemble. Ils ont leur propre histoire, leur propre motivation et leur propre trajectoire. Le récit se concentre sur celles de Brindille dont on apprend qu'il a eu des enfants avant d'être à la rue. De la même manière que les gags étaient convaincants dans la première partie, le virage plus dramatique de cette deuxième partie est maitrisé et ne tombe pas dans l'écueil d'en faire trop. Il offrira même des moments d'une grande émotion lorsque Brindille décidera de confronter son passé.

Le seul léger regret peut se situer sur la fin qui, contrairement au reste du film, en dit un peu trop. Peu de place à l'imagination rendue stérile par un happy-ending convenu. Bien que les interprétations d'Antoine Bertrand et Philippe Rebbot soient très justes, on peut également regretter qu'aucune exposition ne soit faite à des personnes réellement concernées par ce problème, que ce soit des SDF eux-mêmes ou des associations.

Trois fois rien n'en reste pas moins un très bon feel-good movie. A l'image d'A l'abordage de Guillaume Brac sorti l'an dernier, il apporte un vent de fraîcheur qui fait du bien à la comédie française.