Tout peut changer, Et si les femmes comptaient à Hollywood ? par Christine Deschamps

Il aura fallu des années pour que les réalisatrices américaines réunissent suffisamment de faits avérés pour étayer l'impression qu'elles avaient toutes de ne pas travailler à la hauteur de leur motivation ou de leur talent. Les responsables des studios atermoyaient et minimisaient systématiquement. Finalement, l'actrice Geena Davis a décidé de (re)mettre les pieds dans le plat. Ils avaient été déjà mis une première fois à la fin des années 70, mais sans obtenir gain de cause, fautes de données précises. Cette fois, les femmes n'allaient pas commettre la même erreur, et elles ont commencé à éplucher les productions hollywoodiennes de façon rationnelle, pour documenter la disproportion énorme qui existe entre les rôles accordés aux hommes et ceux laissés aux femmes. Disproportion dont on se doute mais dont on peine à réaliser l'énormité, tant nous sommes tous habitués à voir les hommes briller de mille feux et les femmes être reléguées aux rôles subalternes. Il suffit de se livrer à un petit test en trois questions ridiculement simples pour réaliser que 80% au moins des fictions qu'on regarde sont consacrées à des personnages masculins et qu'aucune femme n'y participe pour autre chose que les mettre en valeur. Bref, chiffres à l'appui, les femmes ont pu mener leur dossier devant les institutions compétentes et, cette fois, les lignes ont bougé. Ce documentaire fait la part belle à celles qui ont été les actrices de ce changement. Parmi elle, Reese Witherspoon, notamment, brandit bien haut la bannière artistique féminine. Mais aussi Natalie Portman ou Chloë Grace Moretz, dont le succès les a très tôt exposées à une évaluation humiliante de leur aptitude à déclencher l'enthousiasme d'un public masculin. Il est également passionnant de découvrir combien les femmes réalisatrices ont participé à l'essor d'un art qui leur a ensuite fermé ses portes sous l'impulsion de financiers exclusivement masculins qui ont fait de la rentabilité leur priorité... Dès que le pognon s'empare d'un domaine des réalisations humaines, celui-ci est mis sous la coupe d'une certaine conception très masculine du profit et de l'accumulation. Au détriment de tous les autres composants de ladite activité. De quoi élargir le domaine de la réflexion et probablement de la lutte... Un documentaire salutaire, donc, porté par la parole puissante de femmes qui inaugurent sciemment une nouvelle ère de solidarité féminine. Go, girls, go !

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le 31 mai 2021

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