Les romans et nouvelles de K. Dick sont souvent remarquablement adaptés, et ont donné naissance à de véritables piliers de la science-fiction. La première inspiration cinématographique à grand succès de son œuvre est bien sûr Blade Runner, suivie d'une petite décennie par Total Recall.


Total Recall nous présente un univers très complet, rempli de détails nombreux qui font sa crédibilité. Certains éléments futuristes servent le scénario, mais les détails qui servent juste à imaginer le quotidien d'une vie en 2048 ont également une importance énorme (hologrammes pour l'entraînement sportif, mur-écran multifonction...). Tous les éléments forment un tout, permettant de rendre l'univers de Total Recall passionnant. Cette remarque s'applique d'ailleurs à beaucoup d'adaptations de K. Dick, comme Minority Report, ou même Paycheck.


Très vite, on reconnait l'univers du romancier, ainsi que la pensée associée. Le film joue beaucoup sur le doute de soi (Schwarzy craint son lui du passé, au même titre que Tom Cruise appréhende ses actions futures dans Minority Report), sur la perception de la réalité (Toute une vie se trouve remise en question, à la manière du Truman Show), sur la fiabilité du souvenir (une thématique commune à Blade Runner). Sous bien des aspects, Total Recall est en parfait accord avec la philosophie dickienne.


Mais malgré ses thématiques qui poussent la réflexion, Total Recall reste au premier abord un film d'action. Et tout le génie de Verhoeven est de réussir à concilier l'action avec les passages plus ambigus ou spéculatifs. Ainsi, on est toujours sur le qui-vive, le rythme est aussi soutenu et haletant que le sera celui de Starship Troopers. Les scènes de combat sont particulièrement nombreuses et efficaces, et il y en a étonnamment juste assez pour que le film soit jubilatoire sans être jamais ennuyant.


L'action est magnifiée par un casting de choix : un Schwarzy au meilleur de sa forme, une Sharon Stone ardente, un Ronny Cox machiavélique, ou encore un Michael Ironside à la fois bouillonnant et attachant. Et cela sans compter les nombreux acteurs secondaires atypiques dont tout le monde se souvient : l'immonde siamois, les mutants mediums, la naine prostituée, le taxi driver (le robot comme le mutant), ou évidemment la cultissime femme à trois seins.


Verhoeven a réussi à retranscrire parfaitement l’œuvre de K. Dick, tant pour ses idées que pour son univers de S.F, qui deviendra culte. Il est parvenu à faire un film divertissant tout en conservant une dimension plus profonde, en témoigne sa fin ambiguë : dans une telle dystopie futuriste, les doutes les plus élémentaires sont permis.

Monsieur_Cintre
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le 22 juil. 2020

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Monsieur_Cintre

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