Il est difficile de déterminer quelle est la part d'intentionnalité des acteurs, des scénaristes, du réalisateur dans le second degré jouissif que dégage le film. A l'instar de Stranger Things à ses débuts, le film joue avec un côté régressif qui relève de la pure jouissance. Toutes les icônes des années 80 y passent : bande originale rétro, musiques cultes, stars américaines plus parfaites que jamais, Porsche Carrera ...

Le film joue avec les codes du film américain stéréotypé de manière si maitrisée qu'il est difficile de ne pas y adhérer. La mise en scène place le curseur si loin qu'une réelle sympathie nostalgique de plusieurs scènes. Des jeunes pilotes de l'air qui jouent au football américain sur la plage avec des effets ralentis, Jennifer Connelly qui attend Tom Cruise adossée à une Porsche, un retourné d'épaule au ralenti de Tom Cruise à l'arrivée de Jennifer Connelly dans son dos... Les scènes aussi grotesques sur le papier se multiplient et il est sidérant de constater à quel point cela fonctionne.

Même le scénario est remis en cause par ses personnages. L'héroïsme exacerbé de Tom Cruise est poussé jusqu'au ridicule au moment où celui-ci affronte à mains nues un hélicoptère ennemi. Alors qu'il pense accomplir le sacrifice ultime, c'est le personnage de Rooster qui décide de venir lui sauver la vie, au plus grand regret de Tom Cruise qui voit sa fin héroïque lui échapper.

Cette ironie parfaitement maitrisée tout au long du film s'accompagne de scènes d'actions spectaculaires. La mise en scène et le son clouent le spectateur au siège et le film fait le pari de ne pas surcharger le spectateur en informations. La répétition du même exercice de vol tout au long du film rend le visionnage extrêmement ludique. L'objectif reste le même : réussir le même trajet en un temps et une précision records pour exploser un site nucléaire secret ennemi. Le même exercice se répète inlassablement mais de manière toujours plus spectaculaire. L'introduction de plans "radar" au milieu des plans de vols réels permet au spectateur de toujours comprendre où se situe l'action et permet de l'impliquer davantage encore dans les enjeux du film.

Le visionnage de Top Gun : Maverick provoque une adrénaline et un plaisir comme il est rare d'en ressentir au cinéma. Il y a quelque chose de très régressif qui se dégage du film, une sorte de retour en enfance devant ses premiers jeux vidéos ou, encore plus parlant, dans son canapé en famille le dimanche soir pour la session film américain proposée par le Dimanche Cinéma de TF1. Quel pied !

Alsh74
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le 20 juil. 2022

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