Elle est jolie l'affiche.


Ce documentaire est fort intéressant. Wiseman s'intéresse donc à cet institut qui abrite des criminels 'fous'. Le constat est simple : les fous et les 'méchants' ne sont pas forcément les patients, on le comprend dès les 20 premières minutes, après que les gardiens et médecins aient pu faire profiter de leur bêtise et de leur cruauté.


Je ne le répéterai jamais assez : un film ne peut contenir un discours très élaboré parce qu'il dépend de sa mise en scène. Tandis qu'un livre peut regorger de nombreuses théories parce qu'il est bien plus facile de digresser et qu'au final, une page sur 150, ce n'est pas grand chose, mais ça permet d'explorer tout de même une idée. Peu importe que ce soit Wiseman, Tarkovsky ou Tarantino, le message sera toujours très simpliste, et le cinéma est plus un art de propagande à l'instar d'une affiche communiste qu'une oeuvre d'art au travers de laquelle l'auteur a pu pousser au maximum sa réflexion. Au mieux, le cinéma est une ouverture à la réflexion : tout le travail s'effectue alors après avoir vu le film, avec, si le spectateur est suffisamment curieux, une vraie recherche et non pas juste une réflexion d'adolescent boutonneux convaincu d'avoir mouillé son pantalon.


Soit, je ne dis pas ça pour décrédibiliser Wiseman, bien au contraire. Le bougre a bien compris et n'hésite d'ailleurs pas à employer les codes de la fiction pour mieux étayer son propos. Il nous montre des fous, des actes cruels, il dénonce, le tout sans la moindre subtilité. Cela n'est pas inintéressant pour autant, parce que justement il exploite bien le médium.


Premier bon point, il s'efface derrière les images. Pas besoin de voix off, pas besoin de souligner quoi que ce soit avec de la musique inutile. Les images parlent d'elles-mêmes. Deuxième bon point, un montage dynamique : si les images parent d'elles-mêmes, c'est parce qu'elles sont bien associées (un beau jeu de contraste en mettant en parallèle ou à la suite certaines scènes). Troisième bon point, les situations sont intéressantes : le propos est, certes, compris assez vite, l'on pourrait alors couper et passer à un autre film, mais ce serait passer à côté de la force du film, à savoir la mise en avant du quotidien, des petites choses. Wiseman enfonce le clou, oui, mais il utilise de beaux outils pour le faire et donc on ne s'ennuie jamais.


Bref, "Titicut Follies" est passionnant de bout en bout que je recommande évidemment.

Fatpooper
8
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le 2 févr. 2016

Critique lue 881 fois

5 j'aime

Fatpooper

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