A la sortie de la salle diffusant Thor Ragnarok, il ne sera pas interdit de s'interroger sur ce à quoi le spectateur vient d'assister.


Car le film fera certainement date dans le programme imaginé par Marvel, ainsi que dans sa formule de plus en plus décriée, parfois de manière parfaitement hypocrite.


Les habituels pisse-froids, ceux qui écrivent à chaque fois "jamais plus", alors qu'ils se précipitent quand même day one pour déverser leur bile âcre, hurleront avec dégoût dans leur constance masochiste "J'ai encore vu un Marvel" et toiseront dans une condescendance insultante le mauvais goût étalé d'un bout à l'autre du métrage et les effets spéciaux qui seront forcément dégueulasses. Ou encore l'humour crétin qui ferait passer Les Gardiens de la Galaxie pour un traité de philosophie austère et le je-m'en-foutisme affiché et ambiant, à leur sens, de l'entreprise.


Et le pire, c'est qu'ils n'auront pas forcément Thor...


Sauf que Behind_the_Mask est un incorrigible optimiste, comme vous le savez. Et qu'il écrira que ces bonnets de nuit ont choisi de ne pas retenir certains aspects pleinement conscients de ce Ragnarok. Comme par exemple qu'il s'agit d'une des franchises les moins lucratives du Marvel Cinematic Universe. Et ce surtout, que ce troisième film représente une nouvelle approche du personnage.


Pour tout vous avouer, Behind, là, il est à deux doigts de vous dire que le nouveau Thor tue...


Car il a pris un gros pied devant le dernier rejeton de l'écurie Marvel. Même s'il a eu très peur au début, en trouvant que l'humour déployé, pendant le face à face avec Surtur, était décidément très envahissant. A l'image de cet aspect de la franchise solo du dieu nordique.


Sauf que finalement, Thor Ragnarok, bein, il joue cartes sur table, comme un candidat au bac en plein oral de rattrapage, qui flambe avec style devant l'examinateur afin de noyer le poisson sur le sujet qu'il a tiré et dont il ne sait que dalle. Taika Waititi emballe donc un film en équilibre perpétuellement instable, parfois carrément bancal, qui file d'un côté à l'autre du spectre Marvel en un clin d'oeil, entre perpétuelle autodérision, caméos totalement what the fuck et morceaux de bravoure assez appréciables.


Si Thor propose une fois encore Asgard pour décor, le film se trouve délocalisé pour moitié dans un genre de space opera totalement foutraque et déglingué. Dans une amorce de buddy movie décalé, il ira rechercher un personnage clé à la va-comme-j'te-pousse dans un univers pop, coloré et intensément flashy. Au point de rejoindre parfois les aventures comics telles qu'elles avaient été décrites par Kirby dans les années 70. Le mauvais goût supposé est parfois prégnant, mais il ne détonne cependant pas, tout comme l'humour, au sein de la direction prise par les exécutifs de la Maison des Idées. Les vannes, elles, s'enchaîneront sans ne plus jamais consterner. Car avec un peu de lâcher prise, tout passera finalement assez facilement.


Beaucoup parleront sûrement de cynisme, au mieux paresseux, au pire honteux, alors même que la formule qu'ils décrient tant ne se retrouve qu'en partie au sein de Thor Ragnarok. La direction artistique fait encore plus Flash Gordon que le premier opus. Tandis que son dieu, lui, est présenté tour à tour comme un alcoolique anonyme dépressif, un roublard narcissique, un crétin encore plus confirmé et un héros réduit finalement à l'impuissance. Les autres personnages seront logés à la même enseigne, entre une Walkyrie ivrogne, un Odin absent et au bout du rouleau, ou encore un Bruce Banner schizo et totalement à l'ouest.


Thor Ragnarok, c'est un peu comme en maths, quand on découvre que le moins, quand on le multiplie par le moins, donne un produit miraculeusement positif. Cette magie opère de la même façon chez le dernier né Marvel. Il donne à ressentir un pied monstrueux dans une arène, sert une imagerie par instant démente, comme Tarsem Singh se servait de l'art de Le Caravage dans Les Immortels, ou localise son climax sans issue sur le bifrost et sur fond très habile d***'Immigrant Song*** exaltant, tout comme l'ensemble de sa composition musicale.


Thor Ragnarok, comme son réalisateur Taika Waititi, donne l'impression qu'il n'a rien à perdre en empruntant un chemin aussi détonnant au sein de son univers franchisé. Mais pour autant, aussi imparfait soit-il, le film se révèle un sacré entertainement qui passe très vite malgré ses deux heures, aux scènes d'actions extrêmement lisibles et à la mise en scène affirmée, au contraire du sympathique mais assez anonyme Spider-Man Homecoming. Il se révèle être un divertissement plus qu'honorable, aussi humble que généreux, que la maladresse dans les dosages des genres et des aspects qu'il malaxe ne saurait diminuer.


Même si les éternels bonnets de nuit et autres doctes prescripteurs vous diront à coup sûr le contraire...


Qu'ils restent chez eux, pour une fois.


Behind_Si j'avais un marteau_the_Mask.

Behind_the_Mask
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Behind_the_Mask

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