The War Zone
7.2
The War Zone

Film de Tim Roth (1999)

Un film coup de poing dans le ventre, suivi de coups de coude dans les gencives et pour finir coups de genoux dans les glaouis. On sort de là l'estomac patraque et la cervelle hachée par la violence du propos.
Cet écoeurement doit évidemment forcément le plus à son sujet, l'inceste et la folie de ce père qu'on ne peut pas entendre, qu'on ne peut pas accepter tel quel. Humainement impossible.
Alors cette incompréhension qui éclabousse, cette possibilité de comprendre qu'il nous vole, le film nous les met devant les yeux. Il nous empoigne soudain et nous met la tête dedans. Comme le jeune frère à travers la fenêtre ou la caméra. Evidemment c'est une violence qui marque autant le corps que l'esprit. Le visionnage est d'autant plus éprouvant que les comédiens, ces salops, jouent avec une vérité stupéfiante, spécialement Lara Belmont et Ray Winstone. Mais les acteurs ne sont pas les seuls à apporter à cet édifice dérangeant. Le metteur en scène Tim Roth marque à bon escient son soucis d'habiller ce quotidien de souffrances et de mensonges de décors expressifs : l'austère et isolée maison, les récifs déchirés, le bunker froid et sombre, ces routes sinueuses, cette boue partout, cette pluie froide et suintante, le fracas des déferlantes au loin ou le vent qui crie dans la lande alentour. Désolation et solitude de celles qui font s'étrangler à force de pleurer le visage perdu de Lara Belmont.

Bien entendu que ce n'est pas un film qu'on regarde tous les mois par plaisir. Comme Salo, il faut de temps en temps oser affronter la folie et l'horreur des hommes, parce que c'est la vie, que c'est une réalité pour certains. Le cinéma parfois oublie plaisir et divertissement pour ouvrir les yeux du spectateur sur des réalités glauques. Et si le cinéma peut permettre d'approcher un petit peu de l'horreur, la vraie, c'est finalement d'un grand bénéfice. C'est aussi ça le ciné et tant mieux.

Mais au-delà de l'histoire, on retiendra bien sûr la maitrise du cinéaste sur sa narration et sa direction d'acteurs. Juste, propre, net, sans concession, du cinéma brut, ni putassier et complaisant, ni esthétisant et moralisateur. Les faits, rien que les faits. Des personnages réels, concrets, corps et âmes et une situation infernale tout aussi vraie.
Alligator
8
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le 23 févr. 2013

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