Dans le domaine du film d'horreur, il est difficile de passer à côté de ce The Thing. Véritable pépite du frisson, ce film de John Carpenter, sorti 3 ans après que son cousin le xénomorphe fasse frissonner le monde entier dans Alien de Ridley Scott, est un sacré exemple qui montre tout ce qui fait la réussite d'un film d'horreur qui prend aux tripes et qui ne laisse pas ressortir le spectateur indifférent.
Nous sommes en Antarctique. Un hélicoptère norvégien traque un chien dans le froid polaire et tente de lui tirer dessus. Une équipe de scientifiques américains stoppe les norvégiens, et s'interrogeant sur le pourquoi du comment, ils se dirigent vers le camp norvégien pour y trouver des réponses. Il s'avère malheureusement que le chien traqué par les norvégiens est une dangereuse créature métamorphe, capable de prendre l'apparence de n'importe qui, et l'équipe va s'en rendre compte à ses dépens lorsque la créature commence à semer la mort dans le camp. Du reste, chacun finit par s'accuser mutuellement d'être la créature.
La grande force de ce film, c'est qu'on se sent bien à la place des personnages. On ressent leur paranoïa, on s'interroge constamment sur qui est la créature, et dans un climat de grosse paranoïa, on craint sa prochaine attaque. Le réalisateur John Carpenter filme ce climat oppressant de main de maître. On ne va pas se mentir après tout, les personnages présentés sont loin d'être les plus fouillés, mais on croit à leur volonté de survivre. Et on a envie qu'ils survivent. On a envie qu'ils se sortent de cet environnement infernal et mettant les nerfs à vif.
De plus, chaque scène où la créature apparaît, c'est une nouvelle scène qui marque votre esprit au fer rouge. Et nous devons cela à une fantastique maîtrise des effets spéciaux en Practical, donnant à la créature un aspect absolument terrorisant à chacune de ses apparitions. Les effets spéciaux ont très peu vieilli (hormis la scène d'introduction avec la soucoupe volante) et continuent de faire leur redoutable effet, en proposant un bon nombre de scènes aussi saisissantes que mémorables (les bras du docteur, la tête qui se fait pousser des pattes, et j'en passe). Un sacré boulot sur les SFX, on n'aurait sans doute jamais eu un résultat aussi effrayant avec des images de synthèse d'aujourd'hui.
Ces scènes sont d'autant plus terrifiantes qu'au final, leur utilisation est très judicieuse puisqu'elles n'empiètent pas sur les scènes privilégiant l'atmosphère de paranoïa. La peur précède l'horreur, qui laisse de nouveau place à la peur par la suite. La gestion de la tension et de l'horreur visuelle est très bien maîtrisée, ne rendant le film que plus stressant. On sent que tout peut être possible dans cette atmosphère, que n'importe qui pourrait être la créature, même celui qu'on soupçonne le moins. Personne n'est épargné par le doute.
Et pour renforcer cette tension constante, John Carpenter fait appel au compositeur Ennio Morricone et son travail sur la BO est remarquable. Il nous fournit un son oppressant, bien raccord avec les images montrées, même si ça ressemble moins à du Morricone qu'à du Carpenter (qui rappelons-le fait lui aussi de la BO, dans Assaut par exemple). Mais l'effet recherché est atteint, et cette BO accentue la terreur que l'on subit.
The Thing est un film qui fait naître la peur comme peu de films d'horreur le font. Et la fin du film rappelle qu'on regarde bien un film qui laisse place au doute jusqu'à sa dernière seconde, et même après. Cette fin brillante est le point d'orgue d'un film d'horreur incontournable qui marque, qui fascine, qui choque. Définitivement l'un des sommets du genre, voire même du cinéma tout court.