Bon, aujourd'hui, gros coup de folie, j'ai décidé de m'attaquer à du lourd, du très très lourd! Inconscient va!

Je me lance dans la critique d'une des oeuvres figurant au top de mon panthéon personnel! Rien que çà! The Thing de John Carpenter. Un des films qui a contribué au mythe perdu de la VHS.

Nous sommes en 1982, sous l'ère Reagan, c'est pas la joie et Carpenter au sommet de sa carrière après "New York 1997" décide de s'attaquer au remake de "La chose d'un autre monde" de Christian Nyby et Howards Hawks (bien que ce ne soit pas officiel pour ce dernier mais....) lui même adapté du roman de John W. Campbell, "Who Goes There?". Et le moins que l'on puisse dire, c'est que Carpenter signe là un magnifique hommage à ces deux oeuvres tout en posant magistralement sa patte personnelle.

Ce fut un échec commercial avant de devenir culte. Et oui, pas de bol, en 1982, la Chose se retrouve confronté dans les salles de cinéma, à un terrible adversaire venant lui aussi des confins de l'espace, le terrible et impitoyable petit être à la tête difforme répondant au nom de .........E.T!!!!! Et le tout gentil ami des enfants a foutu K.O l'effroyable bête. L'optimisme de Spielberg a battu le pessimisme et la noirceur de Carpenter.
Dernière petite chose a propos du début des années 80, c'est aussi malheureusement l'apparition du SIDA, chose pas anodine dans l'élaboration de "The Thing" comme on va le voir.

Je vais essayer de faire court, mais c'est pas gagné! Par où commencer? .....Comment, par le début....ah ouais, pas con!

Dès la première scène, la poursuite du chien-loup en hélicoptère, on rentre dans le vif du sujet et l'atmosphère est directe oppressante. Pas de perte de temps avec Carpenter. Pas la peine de présenter les personnages, c'est au spectateur de relever les indices par-ci par-là (ainsi pour MacReady, on peut logiquement penser que c'est un vétéran du Vietnam par exemple).
L'immensité neigeuse donne un sentiment d'abandon total et un peu flippant, renforcé par la musique d'un certain Ennio Morricone. Parlons de la musique.

On est bien loin des envolés westerniennes d 'Ennio. Jamais une musique n'aura autant imprégné un film tout en étant aussi discrète! On finit par ne plus savoir qu'elle est là et pourtant elle participe grandement au sentiment de malaise qui nous accompagne. L'art de la subtilité....

Revenons en au film donc. On assiste donc à un huis clos stressant où la paranoïa va s'installer progressivement au sein de ce groupe de 12 hommes faisant ressortir leurs plus vils instincts (lâcheté, traitrise...). Et comme le spectateur n'en sais pas plus que les protagonistes (on ne saura jamais comment certains membres ont été contaminés) il ne sait jamais non plus d'où le danger peut venir. Et Carpenter va pouvoir s'amuser brillamment avec lui pendant 1h30. De toute manière, les scientifiques eux même doutent de leur propre corps! (la scène du test sanguin ou certains ne sont pas sûr du tout de ne pas être la Chose). Jouissif et prenant! On peut y voir à les prémices d'un renfermement et d'une paranoïa future d'une certaine partie de l'Amérique et d'un renfermement du pays sur lui même.

Quid de la Chose? Et bien tout d'abord, un grand respect pour Rob Bottin son créateur. Je ne peux que faire un rapprochement avec la Mouche. A l'époque, il n'y avait pas l'avancée des effets spéciaux actuels, et pourtant qu'est-ce qu'ils sont bien foutus ces monstres! Ca sent le "vrai" et non l'artificiel. La Chose, et c'est là que c'est interressant, n'a pas une forme plus ou moins agréable qu'il faut juste détruire. Elle n'a pas de forme! C'est un amas de cellule qui peut contaminer n'importe qui insidieusement (The Thing métaphore du SIDA...). Et visuellement, Carpenter s'en donne à coeur joie pour la filmer sous différent profils lors de ses assimilations. Et elle est vraiment dégueulasse cette chose! Un grand bravo encore.

Je ne vais pas faire tout le film (c'est déjà trop long!) et hop on passe directement à la fin. Dès le début, on sait comment ça va se finir. On a une sorte de petit préquel lorsque MacReady va visiter la base norvégienne abandonnée et totalement détruite (la hâche dans la porte, le corps suicidé.....). C'est une visite "prémonitoire" de ce qui va arriver au groupe des 12. Ils n'y échapperont pas, ce n'est qu'une question de temps. Et cette dernière image, où il ne reste que deux hommes, seuls dans la neige, face à face est loin d'être une fin heureuse à la E.T. Pessimiste et crépusculaire comme l'est le film.L'un des deux est la Chose (il y a un petit moyen de le savoir mais c'est peut-être une vue de mon esprit, alors chuuuut....) mais ça ne change pas grand chose à l'affaire, la fin sera la même pour les deux.

Un dernier mot (si si, promis juré!) sur l'un des acteurs les plus cool au monde, l'acteur fétiche de Carpenter, l'excellentissime Kurt Russell. L'ensemble des acteurs est au diapason du film mais lui, il bouffe l'écran, seul contre tous. Sacré Kurt....

Voilà, il y aurait tant de chose à rajouter sur ce film mais il faut savoir s'arrêter!
Je ne peux avoir qu'une certaine nostalgie de cette période où les films d'horreurs en plus de nous faire passer un excellent moment possédaient un message politique sous jacent intéressant (sans non plus tomber dans l'excès inverse, à savoir trop intellectualiser le genre). Quand on voit ce que l'on se tape maintenant....(spécial dédicace au préquel inutile de "The Thing", qui s'appelle.......The Thing! et qui est aussi un remake copié coller, c'est dire l'intérêt du truc....)

Bref, The Thing est un film incontournable qu'il faut au moins avoir vu une fois dans sa vie, même si l'on est réfractaire au genre.
Kowalski
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le 31 mars 2013

Modifiée

le 31 mars 2013

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Kowalski

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