C'est bien tard que je découvre The thing et avec lui John Carpenter. Évidemment quand j'entendais son nom, cela avait une résonance. Un étrange son résiduel que certains réalisateurs, à force de film culte, réussissent à imprimer en vous, rendant vos oreilles familières à leur dénomination sans que vous ne les connaissiez.

Pourtant, même si le vent a charrié jusqu'à moi sa renommé, il ne m'a néanmoins, jamais ramené les reliques de ce mythe de l'horreur cinématographique. Il faut croire que je ne suis jamais tombé sur le bon prêtre ? Et à vrai dire tant mieux, quand on est jeune il vaut mieux les éviter (les films de Carpenter hein pas les prêtres enfin ????)


Pour autant ma culture horrifique n'est pas complètement vide. Stephen King et Lovecraft sont quand même passer par là, (ce qui fait d'ailleurs que je ne pouvais m'empêcher de penser aux montagnes hallucinées en voyant le film). Mais surtout j'ai eu la chance de m'abreuver abondamment dans les patchworks d'influences horrifiques que sont les jeux de rôles d'horreur. Notamment les scénarios qui sont généralement un fertile amalgame de référence et de créativité.

Du coup impossible de voir The thing comme autre chose qu'une proto-partie de jeux de rôle. Comme-ci John Carpenter, en bon maître du jeu avant l'heure, nous raconté sa partie rêvée avec ces acteurs.


Cela peut sembler bizarre voir idiot de confronter deux médiums si différents dans une analyse, mais par ce prisme il a plusieurs choses qui me semblaient intéressantes à observer, notamment des qualités et des défauts en commun.

Pour faire une bonne partie de jeu de rôle d'horreur, il faut réunir des gens dans un même état d'esprit, un état d'esprit qui admet dès le départ que la partie peut être perdue à tout moment et que chacun peut ou va mourir si les conditions sont réunies. Certain jeu présente même comme postulat de départ que les personnages doivent mourir dans le scénario ou devenir fou. L'important n'est donc plus de gagner la partie, mais bien l'immersion dans un univers horrifique entre amis ou le maitre du jeu vous décrit l'horreur, suscite la peur et où vous, vous devez ressentir et interpréter les scènes selon votre personnage.

Ce sont ces efforts d'adhésion à un imaginaire collectif commun qui permettent les meilleures parties et qui ne sont pas si éloignés du cinéma finalement.


On peut penser que dans le cinéma obtenir cette adhésion de groupe est bien plus simple. Les gens sont de base réunis pour voir un même film et donc, si les distributeurs ont bien fait leur travail, un même postulat et une même proposition de cinéma. Rien n'est moins vrai, c'est déjà bien si tous les gens réunis dans la salle savent qu'ils vont voir film d'horreur. Et même là, la notion est bien trop vague pour savoir de quoi on parle réellement, entre série Z, métaphore de notre société ou film divertissant riche en hémoglobine, l'éventail est assez large.

Charge donc au réalisateur de faire comprendre aux spectateurs où il met les pieds.


En cela Carpenter excelle, la mise en contextes de son univers est rapide et efficace, grâce à son utilisation de la préfiguration, que ce soit la course poursuite entre un chien et un hélicoptère, ou la découverte du campement de l'équipe des suédo… norvégiens.

Tous les évènements qui vont suivre le début du film sont une présentation en avances du sort qui attend le groupe. Bien évidemment tous nous est montrés sans que l'on comprenne ou que l'on puisse y croire tellement l'horreur est glaçante.

On se dit, comment ont-ils pu en arriver là ? En se doutant un peu que c'est ce qu'il va se reproduire une heure plus tard.

Très vite on va comprendre que le film est dans un registre horrifique jouant sur la folie avec une réel abomination qui peut roder en chacun de nous, mais qui s'avère aussi très sale et organique avec des visions cauchemardesques qui nous font bien comprendre l'impuissance des personnages du film face à la chose. Heureusement, on est assez rassuré de voir qu'elle brûle assez bien.

La proposition du film est donc bien posé, un film d'horreur viscéral où l'on aura sa dose d'hémoglobine sans pour autant oublier l'aspect psychologique et la tension à susciter chez le spectateur.


Evidemment, que ce soit dans le jeu de rôle ou le cinéma, réunir sur le postulat de départ est aussi important que l'interprétation des joueurs, car après avoir compris le postulat de base ils comprennent tout de suite que leur but n'est pas de tous faire pour survivre, même si c'est ce qu'ils vont tenter, mais de jouer le mieux possible leur personnage dans la situation données.

Et c'est là, aussi ,où le film est bon, même si Kurt Russel tient l'affiche, il n'en n'est pas moins un personnage comme les autres, il n'a rien d'héroïque, il est certes cool, mais n'a rien des qualités d'un pur héros. Sa plus grosse qualité étant sa propension à régler les problèmes de manière drastique, présentée via une scène d'échec au début du film.

Dans ce sens il est héros, non pas par des valeurs supérieures ou un meilleur caractère, mais parce qu'il agit simplement plus. Il ne polarise pas l'image pas par ce qu'il est, mais par ce qu'il fait.


Pour autant les autres jouent aussi leur partie à leur manière et quand ils font quelque chose on les montre. Néanmoins, on déplore du coup une chose, qui dans les deux mediums est un problème, le trop grand nombre de personnage.

Evidemment, en terme de réalisme on image difficilement une équipe de cinq personnes dans ce genre de zone extrême.

Mais malheureusement leur trop grand nombre implique une fugacité des apparitions et même si Carpenter sait caractériser et introduire rapidement ses personnages.

Il n'en reste pas moins qu'il faut un certain temps d'exposition pour suscité de l'empathie à l'égard d'un individu et malheureusement tous les personnages du le film en manque cruellement.

Du coup, les personnages sont pour la plupart cantonnés à un rôle utilitaire qui permet l'avancé du film vers l'inéluctable, sans jamais nous laisser le temps d'être triste ou empathique face à ce qui se passe.

Ce qui me conforte dans ce sens, ce sont les dernières scènes du film, où l'on voit toute la maestria et l'intérêt du monstre dans la création d'un contexte de doute et de suspicion permanent entre les personnages.

Aucun d'eux ne peut dire si il sommeille en lui un monstre qui les mènera peut être à leur perte. Une ambiance de tentions qui est décuplé quand uniquement quelque protagoniste son réunis.


En bref, même si les deux médiums sont opposés par nature, l'un se basant sur l'observation quand l'autre se base sur l'action. Il n'en reste pas moins que les deux médiums peuvent être liés par une chose, transmettre des émotions.

Et dans les émotions que suscite l'horreur, il existe des pont évident transe-média, comme la narration, la création d'un contexte favorable, ou encore la créativité formelle. Tous ces éléments John Carpenter sait les manier avec brio et a très bien compris que l'antre de la folie est aussi, voir plus, terrifiant que les visions d'horreur sortie de nos pire cauchemard. C'est pourquoi je conseille The thing à tous les maitre de jeux en herbe pour comprendre les rouages de l'horreur, même si la plupart l'ont bien souvent déjà vu.

Quant à moi je vais continuer à m'atteler au visionnage des aux autres parties de jeu de rôles cinématographique de Carpenter.

Kuotak2
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le 29 juin 2022

Critique lue 16 fois

Kuotak2

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