Je ne serai pas long, et me contenterai d'écrire ici mes (fortes) impressions, au sortir de ma petite séance de cinéphilie personnelle. Je viens, donc, simplement de le revoir, et me suis pris une claque, une trempe, une baffe, une calotte, une fessée, un soufflet, une tarte, une torgnole, un coup de poing à l'estomac... comme si je venais, ma foi... de le découvrir pour la première fois.


Quel effet à ce film sur ma vie tout de même... les couloirs de ma modeste maisonnée viennent de se transformer d'un coup en longues allées de laboratoire noires, interminables et cauchemardesques. La tempête qui fait rage dehors me paraît aussi impétueuse et glaciale que celles venant de cet antarctique cinématographique. Je tape sur mon clavier et me rappelle cette partie d'échec informatique alcoolisée. Mon habitat campagnard me paraît soudainement replié sur lui-même, et personne ne pourra voler à mon secours avant le printemps prochain.


Quant à « La Chose », elle ressortira sans conteste de mon bouc, enfermé dans sa grange, et il me faudra faire preuve d'un sang-froid polaire pour abattre mes poules, enfermées à côté de lui. Je les entendrai faire un boucan d'enfer cette nuit même, attaquées qu'elles seront par des espèces de spaghettis vivants, éructant toute l'horreur du monde d'un cri inhumain, strident et dément. Je ferai sans doute un test sanguin salvateur à ma femme et mon fils, pour finalement découvrir que c'est mon chat qui est contaminé. Telle La Chose, j'imite, je retranscris, transpose l'ambiance de ce film dans ma vie. J'ai peur. Dieu du ciel... de l'impact d'un cinéma puissant sur la vie.


Des travellings de rêve à la pelle symbolisent la lente et douloureuse avancée des protagonistes dans leur compréhension des différents éléments qui composent cette aventure incroyable. Un plan sur "Clarke" allant voir ses chiens, un autre sur "Mac Ready" et le "doc Copper" avançant lentement dans les couloirs du bastion suédois, ...pardon norvégien, censé renfermer l'origine de leur cauchemar à venir. Ces braves gars tentent, par quelques échappées en hélicoptère, d'aller à l'encontre de ce qui fonde cette chose hallucinée, mais ne nous font jamais croire qu'ils auront la possibilité d'échapper à ce qui adviendra d'eux, grâce à une habile successions de scènes et de plans les ramenant sans cesse à leur base scientifique, loin de tout, loin d'un quelconque signal radio providentiel. C'est perdu d'avance me disais-je, la caméra nous ramène dans cette base scientifique, c'est donc là que tout se jouera.


Une tension insoutenanble suscitée par cette paranoïa insidieuse, elle-même causée par cette "Chose" qui se cache, qui imite, qui joue au vengeur masqué implosant au contact d'un fil de fer chauffé au lance-flamme. Au détour de cette expérimentation scientifique inquiétante, Kurt Russell ne semble pas s'amuser à étiqueter ses camarades comme s'ils étaient une chose. L'expérience tourne au vinaigre, en un sens, et l'on découvre à cet instant que cette chose qui n'est pas aimée est une chose sensible. Mais ce n'est pas fini... les effets spéciaux solides estampillés artisanat de qualité conservent une étonnante authenticité plus de trente ans après, et résistent avec courage à l'épreuve du temps diablement pro-numérique.


Et cette ambiance de mort...


Inutile de proférer ici les théories connues de tous sur la réappropriation de l'œuvre de Hawks par Carpenter, ce qu'à fait là ce dernier est unique et se passe de toute comparaison solennelle et pompeuse. Je me tairai donc puisque j'ai dit plus haut que je ferai court. C'est loupé je crois... je me suis encore une fois montré trop bavard.


Ce film est un bon dieu de chef-d'oeuvre, et je me fiche que ses détracteurs me contredisent. Après tout, de toute Chose on peut faire naître une controverse si l'on est habile à parler.


Retour à la réalité maintenant et à mes petites habitudes de vie qui finalement ...sont peu de Chose.

ErrolGardner
10
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le 3 janv. 2014

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Errol 'Gardner

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