L’Amérique, on l’abîme ou on la quitte. Embarquée dans un sempiternel voyage de classe à Washington, Lillian en profite pour s’échapper et commencer un road trip en solitaire à travers toute la côte est. Guidée par son seul ennui, la jeune femme se laisse porter par d’absurdes rencontres - des punks militants, un professeur néonazi, des cinéastes autosuffisants - et vagabonde ainsi dans les Amériques marginales et fracturées, disséminées de la Caroline du Sud au Vermont. Avec ce simple fil conducteur de la fugue adolescente, le cinéaste dessine un croquis amer et désabusé de la société américaine, désormais irréconciliable et mal-aimée. Porté par son actrice principale - Talia Ryder hypnotique en spectatrice dépassée par ces autres États-Unis - le film reste cependant assez chaotique et confus. Avec cette structure, les aventures et les personnages se succèdent sans grande logique, chacun jouant à son tour sa partition sans rouspéter, quitte à ne pas susciter d’émotions fortes en dépit des sujets violents abordés. Une indifférence paradoxalement très à propos au regard de cette société américaine aussi géniale qu’insupportable.