La loi du silence

L'histoire vraie des jumelles Gibbons, adolescentes noires dans la Pays de Galles de la fin des années 70, et murées dans le silence vis-à-vis du monde extérieur, est singulière. Et la voie qu'a choisi la réalisatrice polonaise Agnieszka Smoczyńska (The Lure, Fugue), dans The Silent Twins, l'est tout autant, en confrontant le monde des deux sœurs, tout en fantaisie et poésie, à la réalité où leur refus de parler et leur inadaptation à la société les conduit à la marge. Ainsi des séquences musicales colorées ou d'animation en stop motion alternent avec des scènes bien plus dures en hôpital psychiatrique. Très stylisé, le film ne réussit qu'imparfaitement à créer une relation d'empathie avec ses deux personnages principaux, pêchant par un net manque de fluidité dans un récit qui n'exprime pas véritablement de point de vue. La cinéaste a bien le droit de s'approprier cette histoire mais son traitement pose problème, rendant presque des événements, pourtant avérés, peu crédibles de par l'absence de logique dans le comportement de ses héroïnes. Les autres personnages sont malheureusement négligés, que ce soit la famille des jumelles ou encore une journaliste qui s'est intéressée et a écrit sur leur cas. Quant à la B.O, très présente, elle reste plutôt décevante (deux titres d'Amanda Lear, par exemple).