Mauvais monteur ( 21 Grams ) piètre scénariste ( Birdman, Biutiful ) et terrible témoin de la nature humaine ( toute sa carrière ) Iñárritu me prouve film après film qu'il n'est qu'un imposteur et un escroc. Et même sa science de l'image, qui m'avait un peu sauvé Biutiful à l'époque, s'étiole jusqu'à devenir un monstrueux tas de fiente.


A n'en pas douter, The Revenant est donc son chef d'œuvre.


Tout commence par un acte I horriblement bavard et procédurier, où Tom Hardy se voit contraint d'expliquer des tonnes de choses présentes à l'image : "Et cet enfant, n'est-il pas l'enfant d'une sauvage, blahblahblah... ?" etc. Heureusement que c'est Tom Hardy ! J'en connais pas beaucoup qui auraient pu se charger de cette narration avec autant d'énergie...
D'autant que son rôle est caricatural au possible, et qu'après une demie-heure-non-stop de palabres vachardes envers DiCaprio, ses équipiers lui font miraculeusement confiance quand il sort : "Ouais j'vais l'garder, pas d'problème !"


Parce que le pauvre DiCaprio s'est fait refaire le portrait par une ourse en furie. En effet, le meilleur trappeur du grand nord, voyant deux oursons batifoler, attend patiemment que la caméra fasse un lent panoramique révélant la maman pour commencer à se préparer au combat. Enfin... J'écris combat, ce n'est pas ce que mes yeux ont vu.
Cinq bonnes minutes d'un remake zoophile de Brokeback Mountain. L'angle de prise-de-vue laisse loisir au spectateur de comprendre que maman ourse a enfilé un gode-ceinture avant d'enfiler Leo. Résultat : un fou rire comme je n'en avais pas connu depuis Prometheus.
Cette scène empeste le fake et le ridicule.


Bref, passé ce délai le film m'a totalement perdu, mais je reste vaillamment jusqu'au bout. Les dialogues ne s'améliorent pas. Le fake non plus. Je vais lever plus d'un sourcil en lâchant ça mais la photo est une véritable catastrophe...
Utilisant les capacités monstrueuses de la toute dernière Alexa ( donc la meilleure caméra numérique du monde ) Lubezki a tourné essentiellement en lumière naturelle... pour tout badigeonner en post-prod, comme un goret.
Alors c'est le moment d'un petit cours de science naturelle : Emmanuel... La neige, c'est pas bleu. La neige c'est pas verdâtre-kaki. Et la neige ne change certainement pas de couleur d'un plan à l'autre ! la neige c'est blanc, c'est une référence qu'on a tous et il est très perturbant de la malmener comme tu l'as fait.
Et ce n'est qu'un exemple.


Tout le film est tellement étalonné comme une brute qu'il en perd tout naturel. Ce qui est un comble pour un récit voulant parler de l'Homme face à la Nature. Entre l'ourse infographique et la photo bourrée de filtres ( y compris, comme pour Birdman, de stabilisateurs qui se voient à mort ) j'ai surtout vu l'Homme face à des Pixels.


Dans une interview promotionnelle, Iñárritu a déclaré : "Si nous l'avions fait en fond vert, avec du café et tout le monde qui s'amuse, le film aurait certainement été de la merde."
Mais voilà, mon gars ! T'étais même pas obligé de faire chier le monde à parcourir le continent du nord au sud dans des conditions extrêmes : tu pouvais faire cette merde sans bouger de chez toi !


Parce que oui, en dernière instance, le pire des affronts qu'inflige The Revenant c'est bien d'être une grosse merde au discours nauséeux.


L'intrigue se lance car des natifs ultra-violents, les Arikaras, pètent la gueule au club de trappeurs guidé par Leo afin de leur voler des fourrures. Mais on apprend qu'ils cherchent pas des fourrures, ils cherchent une squaw qui leur a été dérobé. Les fourrures c'est pour échanger contre des chevaux à des Français ( qui sont des enculés ) et reprendre leur quête. Or s'il y a une évidence c'est que Leo et ses potes n'ont pas l'ombre d'une squaw dans leurs poches, mais il fait bon les pourchasser sans relâche, tout en se plaignant de temps en temps de pas avoir trouvé leur squaw... Là dessus Leo se fait sodomiser par maman ourse et laisser pour mort par Tom Hardy à la surprise générale.
Intervient toute une phase où le film devient une sorte de remake embarrassant de Lone Ranger par Terrence Malick ( encore une heure de ma vie perdue à jamais ) mais passons.


Au terme du métrage, nos amis Arikaras retrouvent leur squaw. Elle leur a certainement dit que Leo l'a sauvée des griffes du gang des Français ( donc des enculés ) qui la gardaient cachée dans un tipi et ne la sortaient que pour la violer ( ce qui n'est pas pratique, car il fait froid ). Du coup quand ils le voient éclater Tom Hardy en combat singulier sous une neige totalement aléatoire, ils assistent de loin au spectacle avant d'égorger purement et simplement le vaincu qui dérivait dans l'eau, promis à une mort certaine, mais deux fois plus certaine depuis qu'ils l'ont chopé.


Or à ce moment précis, Leo venait tout juste de se souvenir des sages paroles de Tonto : "Te venge pas, laisse Dieu se charger de la vengeance."


Et là, vraiment ça coince. On ne peut pas faire un film entier qui démontre sans pudeur qu'on est tous le sauvage de quelqu'un d'autre, que toute violence perpétrée a son origine, pour à la fin déclarer : "Mais y'en a quand même, comme les Arikaras, qui sont bel et bien des putains de sauvages qui tuent les figurants sans la moindre raison."


The Revenant est un film aussi fake dans sa philosophie qu'il l'est dans sa fabrication... et on l'adoube.
J'en reviens pas.

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le 5 mars 2016

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Mike Öpuvty

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