The Revenant, dernier film du favori des Oscars Alejandro González Iñárritu, était ma plus grande attente de 2016. Après son excellent Birdman, quoiqu'un peu surcoté, notamment dans le terme mal employé du plan-séquence puisque le film n'était pas un total plan séquence, comme le suggéraient les critiques, le réalisateur nous emmène découvrir une histoire de vengeance, avec Leonardo DiCaprio, l'éternel oublié des Oscars et qui a sans doute accepté le rôle et non celui de Steve Jobs pour avoir enfin l'oscar du Meilleur Acteur, et Tom Hardy, la star montante hollywoodienne, qui ne cesse d'impressionner (Mad Max : Fury Road, Legend où il aurait été légitime de lui donner l'Oscar, avec son époustouflante prestation). Les premiers trailers envoyaient du lourd. Une musique intense, des acteurs au top de leur forme, des décors et des séquences dépaysantes...


Après que deux milliers de personnes l'aient vu (que ce soit grâce au piratage ou parce qu'ils habitent dans des pays où le film était diffusé plus tôt), après des critiques toutes plus élogieuses les unes des autres, et des notes qui le plaçaient dans le top 111, comme Mad Max : Fury Road en son temps, c'est donc par une insoutenable envie que je me suis rendu hier dans mon cinéma. Je ressentais la même envie que lors du visionnage d'Interstellar. Les lumières s'éteignent, la mythique présentation de 21th Century Fox défile, et le film commence...



La Renaissance est un art



Après une brève introduction, Alejandro González Iñárritu nous emporte dans la sauvagerie et la barbarie de l'affrontement entre les Indiens et les Trappeurs. Habilement tourné en plan séquence, relevant d'une maîtrise de la caméra exemplaire, le cinéaste nous entraîne dans une lutte intense, avec une violence omni-présente, mais pas si montrée que l'on puisse croire. Cette séquence est incroyablement réalisée, et il est vrai que j'ai commencé à frémir, en me disant que si le film était tout du long comme cela, il serait alors évident qu'il serait un de mes films préférés. Cette séquence montre le potentiel d'Iñárritu, qui se malmène pour offrir aux spectateurs un visuel époustouflant.


Ce serait mentir que de ne pas avoir été impressionné par les multiples prises de vues des paysages, des arbres et de la mysticité et de la grandeur de tous ces décors. On restera bouche bée dans de multiples scènes, tant les environs sont magnifiques, où un homme traîne seul son corps sur un lac gelé, s'étendant à des dizaines de kilomètres. On frissonnera quand on verra les multiples dangers de la nature du film, que ce soit les chutes (d'eau, entres autres). Les plans fixes, d'une dizaine de secondes, des paysages, dont les arbres enneigés qui forment un étonnant contraste avec le ciel encore chaud du matin, ou les étincelles du feu de camp qui s'envolent vers les cieux, surplombant les arbres, montrent la diversité des tableaux picturaux.


La photographie du film est donc merveilleuse, et elle permet de ne pas nous ennuyer pendant une durée relativement élevée, pour ce qui se passe dans le film. Malgré cela, ce qui maintient le film reste les acteurs.


L'on ne s'étonne même plus du jeu de DiCaprio, tant il est évident qu'il jouera bien. Si j'ai toujours eu un peu de mal avec lui, je ne peux pas dire qu'il ne mérite pas son Oscar. Leonardo a subi beaucoup de périples durant le tournage, le froid l'empêchait de faire de nombreuses choses, mais il les a surpassé. Il maintient le film à lui seul, par sa présence et son charisme, par son désespoir qui nous fend le cœur.


Il est suivi dans cette voie par le traître Tom Hardy. Ce dernier montre encore une fois l'étendu de son talent. Aucun faux bonds, l'acteur s'immisce véritablement comme un des meilleurs acteurs, même s'il est ici relayé au second plan.


Les autres acteurs sont aussi excellents, Domhnall Gleeson (méconnaissable, par rapport à son rôle dans Ex Machina) est très bon dans son rôle, Will Poulter et Forrest Goodluck sont tous deux de bons acteurs. Les autres personnages n'ont pas une présence particulièrement forte, donc il est difficile de les juger.


Quelques séquences se démarquent véritablement du film. La séquence du début, parfaitement mise en scène, mais aussi la séquence avec l'Ours, aussi réaliste qu'elle le prétendait. Le final entre les deux acteurs principaux est intense, où s'entrechoquent deux mentalités opposées, qui aboutit à un combat violent, où la mort rôde autour d'eux.


La bande originale est une musique d'ambiance. Elle sert le film lors des moments de suspens, ... Quoique omni-présente, elle ne reste dans la tête que pendant un court instant, et ne m'a pas vraiment impressionné, mais elle a pour mérite de véritablement servir le film.


Les voix françaises sont correctes et ne dénigrent pas le film. De toute façon, il n'est pas sans savoir que The Revenant ne contient pas beaucoup de répliques, car le film se focalise plus sur les personnages en eux-mêmes.


Le fait que Hugh Glass se relève sans cesse, même après un tragique événement contre un ours, peut paraître irréaliste. Néanmoins le film a adapté des faits réels, même si Iñárritu a sûrement rajouté beaucoup de choses. Hugh Glass subit une quantité astronomique de méfaits, qui auraient déjà dû le conduire à sa mort. C'est sûrement son habilité et sa détermination à se venger qui lui ont permis de se remettre plus vite. Le Revenant est un homme tourmenté et invincible. La linéarité du film est certes prévisible, mais arrive à nous tenir en haleine jusqu'à la fin.


The Revenant est un must-see, une pépite visuelle qui offre à nos yeux de véritables sensations, tant par ses paysages que par les mésaventures de Hugh Glass, qui luttera jusqu'au bout. La maîtrise de la réalisation, le jeu d'acteurs, la photographie et la bande originale aboutissent à un chef d'oeuvre, qui redéfinit le genre. The Revenant, chouchou des Oscars 2016, mérite ses 12 nominations, et mériterait pour moi l'oscar du Meilleur Film, du Meilleur Acteur, du Meilleur Second Acteur, de la Meilleure Photographie, du Meilleur Réalisateur. Iñárritu se démarque décidément d'année en année comme l'un des plus grands réalisateurs.



Je n'ai pas peur de mourir. Je suis déjà mort.



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le 24 févr. 2016

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Marvellous

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