Quand Nicolas Winding Refn fume trop de Terrence Malick

Pour la faire courte, The Revenant c'est un peu le film monument de Iñarritu, c'est beau, c'est magistral mais c'est un peu austère.


Je scrute toujours avec beaucoup d'attention la sortie des nouveaux films d'Iñarritu. Découvert au cinéma avec Babel, j'avais été conquis par ses trois premiers films, et même si je commençais un peu à me lasser de quelques ficelles qui avaient tendance à se répéter, il avait rejoint mes quelques coqueluches du moment.
Puis vint Biutiful qui entamait le bouleversement de la filmo du mexicain, prémices d'un cinéma plus onirique (?)
On retrouve par la suite dans Birdman ce registre onirique, la prouesse technique en plus et avec un Iñarritu ambitieux qui semble rêve de renforcer sa crédibilité quitte à en faire trop et tomber dans le gimmick.


The revenant est dans cette continuité, à l'instar d'un Terrence Malick, Iñarritu se veut profond et fait dans la métaphore, dans la symbolique, tantôt tarte à la crème, tantôt trop auto-suffisante.
D'un coté j'ai envie de penser que cela sert le film. Le foisonnement de symboles donnent du corps à un film dépouillé autant par sa beauté brute que par un scénario qui semble parfois relever plus du prétexte que de la trame narrative.
Mais d'un autre côté...je n'y crois pas trop. Mais j'y reviendrai.


La première chose qui marque c'est la beauté de ce film, j'ai déjà cité Malick pour le coté onirique mais cela vaut aussi sur la photo et la contemplation de la nature imposante et majestueuse. C'est tout simplement magnifique ! Le grand angle fait des merveilles et on est pris de vertige au pied des sequoias (merci l'écran géant et le projecteur 4K, non franchement ça justifie le supplément et ne pas le voir au cinéma relèverait presque de la faute de goût). Techniquement, encore une fois Alejandro montre les muscles, des plans séquences impressionnants (tout particulièrement celui du tout début du film) des cadrages ambitieux, au plus proche et une caméra tournoyante qui en énervera certainement plus d'un. Cette manière de filmer n'est pas sans me rappeler NIcolas Winding Refn (je pense notament ici à Valhala Rising) les artifices graphique en moins, il faut dire la violence du film incite sans aucun doute à ce rapprochement.


Mais voila où le bas blesse, on pourra se poser la question pour Iñarritu comme d'autres l'on fait pour Winding Refn et Malick : "n'est-on pas en face d'une (très) belle coquille vide". Passé l'aspect visuel et l'intensité de surface que reste-t-il à the revenant ?


Pour ma part si j'ai été conquis par la photo magnifique et la réalisation (à quelques exceptions prêt : certains plans un peu bateau, la caméra tournoyante quelque peu soulante au propre comme au figuré et quelques CGI dispensables) j'ai plus de mal en revanche avec les séquences métaphoriques qui ne prennent pas, qui semblent décalées ou maladroites et ne compensent pas le faible contenu du film. Certains iront certainement décortiquer la symbolique mais elle me semble un peu trop facile pour avoir un quelconque intérêt. Je laisserai donc le réalisateur se parler à lui même avec ses élucubrations mystiques. Pour autant, ça ne m'a pas sorti du film comme l'avait fait en son temps a tree of life et c'est dans l'ensemble moins m'as-tu vu qu'un only god forgives.


Maintenant sur la partie scénario, c'est un peu vide comme je l'ai déjà laissé entendre. Ça n'est pas une tare en soi mais ça le devient quand le film s'étend sur 2h30. Quelques éléments viennent relancer l'action, mais après une première moitié forte en émotions, ça retombe un peu comme un soufflé et les quelques rebondissements sont passablement anecdotiques. La fin du film me fera oublier cela, avec un final qu'on aurait rêvé plus magistral mais qui rempli son contrat. De mon point de vue, on ne s'ennuie pas mais avec un film de cette trempe c'est tout de même un peu limite voir dommage.


Au final, un bon film tout de même, démonstration de force d'un Iñarritu qui répond aux attentes sans vraiment les combler. Je ne suis pas déçu mais j'attend toujours le chef d'œuvre.


P.S. : J'ai oublié de parler des acteurs alors je le fait rapidement.
Si on saluera la "performance" de Di Caprio on regrettera que son jeu d'acteur à proprement parlé ne soit pas mieux servi. Très bon mais plus proche d'un Shia Laboeuf illuminé que d'un Matthew McConaughey ou d'un Daniel Day-Lewis (Comment ça seuls les deux derniers ont eu un Oscar ?).
Tom Hardy s'en tire à bien meilleur compte et confirme tout le bien que je pense de lui.


P.-P.-S. : Si c'est en général un point auquel j'avoue ne prêter que rarement attention, la B.O. se doit ici d'être saluée (même si c'est dans un ridicule p.-p.s.)

Cyklotimik
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le 2 févr. 2016

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