Flic ou gangster...

Un film de gangster dans lequel les policiers sont aussi effrayants que les gangsters, ce n'est pas commun. C'est pourtant ce qu'on retrouve dans The outlaws, avec une équipe des forces anti-gang coréenne qui nage avec aisance au milieu des requins du milieu du crime et sait se faire respecter. J'ai eu une soudaine envie de me regarder quelques films coréens, je me suis donc imaginé une trilogie personnelle avec 3 styles de films différents et celui-ci conclue la série. Je dois avouer que je n'ai pas été déçu et c'est peut-être celui que j'ai préféré (Burning et Lucky Strike étaient les deux autres)

Inspiré de faits réels qui se sont déroulés en 2004, on suit une équipe de policiers en charge du grand banditisme dans une ville de Corée dominée par les gangs Sino-Coréens. Ces flics de choc arrivent à les garder sous contrôle en supervisant une paix fragile pour limiter au maximum les effusions de sang. Tout va changer quand un nouvel arrivant rentre dans le jeu et déstabilise cet écosystème précaire. Le temps de la supervision est terminé, il est temps de passer au démantèlement !

Il est vrai que dans les films de gangsters, en particulier coréens, on retrouve généralement le point de vue de ces derniers et rarement ceux des policiers. C'est ce qui fait l'originalité de ce film, de découvrir ce monde mafieux par les yeux de ceux qui les surveillent et font tout pour les empêcher de nuire gravement à la population. Et pour être efficace dans leur mission, ils sont parfois amenés à se glisser eux-mêmes dans la peau de voyous pour attirer le respect et aussi être craint par les malfrats. Cela nous donne quelques scènes assez étonnantes où l'on se demande qui est réellement le gangster dans l'histoire, mais c'est aussi très intéressant de voir l'ambivalence de ces personnages qui doivent en permanence garder leur équilibre pour ne pas basculer du mauvais côté.
On a aussi droit à quelques belles scènes de bastons et on est vraiment dans la baston de rue, voire la baston générale et c'est plutôt bien orchestré, ce qui rendrait presque les scènes réalistes tellement c'est fouillis et parfois maladroit dans l'exécution.

Côté distribution, j'avoue ne pas être un spécialiste des acteurs Coréens, je ne pourrais donc pas parler en connaisseur d'un tel ou un tel. Ce que je peux dire c'est que j'ai vraiment apprécié les différentes performances. Ma Dong-seok qui joue le rôle du chef d'équipe du côté des policiers est vraiment excellent. Il a une présence incroyable et on comprend tout de suite pourquoi même les gangsters ne la ramène pas trop devant lui quand on le voit bouger et qu'on croise son regard, ça rend immédiatement crédible la situation. On sent le policier usé par toutes ces années à lutter contre le crime organisé, mais qui croit encore à sa mission et qui ira jusqu'au bout quoi qu'il en coûte. En face on va retrouver Yoon Kyesang dans le rôle d'un gangster psychopathe qui veut mettre la main sur toutes les bandes et le business du coin. Bien entendu, sa méthode est ultra violente et il ne tarde pas à faire couler des rivières de sang avec le sourire. Il incarne bien ce personnage sûr de lui, persuadé d'être le roi du monde et dont l'armure se fissure peu à peu quand il s’aperçoit que tout n'est pas si facile qu'il le pensait. Le parallèle entre les deux personnages est vraiment intéressant et nous rend impatient d'arriver jusqu'à la confrontation des deux hommes pour voir ce que ça va donner.

Je suis plus habitué aux films de gangsters coréens où le personnage principal est un malfrat repenti sur le chemin de la rédemption et même si j'aime beaucoup ce style de films (A bittersweet life, The man from nowhere, …) j'ai beaucoup apprécié The outlaws qui donne une vision différente du genre. Je conseille aux amateurs, mais également à ceux qui ont envie de découvrir un bon film policier coréen.