Vers l’infini et Valhalla

J’attendais le film de Robert Eggers avec un mélange d’appréhension et d’excitation toute juvénile. J’ai eu ma période viking/pagan metal et je me suis, comme beaucoup d’ado maigrichon aux cheveux long, plongé avec émerveillement dans le folklore scandinave il y a des années de ça. Mais faire du bon contenue estampillé « Viking » n’est pas si simple, à part la série (et encore ses premières saisons uniquement), il n’y avait strictement rien de potable.

Eggers travaille beaucoup, il effectue ses recherches, s’associe avec un historien pour l’écriture du film. Il est connu pour son travail sur le folklore en général, très réussi dans The VVitch, déglingo dans The Lighthouse, il y avait de quoi être impatient pour sa première grosse production.

L’histoire du film est une histoire de vengeance simple, semi inspiré d’Hamlet, mais le héros bavard et tiraillé de Shaekspear est ici un berserker (Alex Skarsgard en livre d’ailleurs une excellente interprétation), insensible, taciturne et pour le moins véner. Le film n’est pas exempt des défauts, on ne s’ennuie pas, mais il prend son temps peut-être un peu trop dans la deuxième partie qui flirte avec une ambiance horrifique très réussie.

Quelques poncifs, lié au genre peut être, le passage par la casse esclave, les viking tous cruels et sanguinaires, la scène du forgeage de l’épée mythique, un choix cornélien à la réponse couru d’avance… Eggers ne fait pas dans la dentelle, mais c’est aussi la plus grande réussite du film : son jusqu’au-boutisme. Certaines scènes, et dès les premières du film aurait pu être risible, en particulier celles liés aux différentes cérémonie et cultes, mais ici, on ne fait pas semblant (on est parfois un peu gêner comme quand on nous convie à un mariage à l’église et qu’on ne sait pas ce qu’on doit faire), mais c’est crédible.

La réalisation est excellente, la scène de la prise du fort est d’une intensité jamais égalée pour le genre, les plants « mystiques » donnent à l’œuvre un coté rafraîchissant, surnaturel et merveilleux. Un mélange d’intensité, de brutalité et de beauté qui laisse littéralement sur le cul à la fin du visionnage. Je regrette amèrement que le film ne soit pas diffusé en Imax.

La musique réalisée quasi exclusivement à l’aide de percussion et de vieux instruments norrois est très réussit, sobre et grinçante, on a là un réel travail de recherche et de composition, je ne me souviens plus depuis combien de temps je n’avais pas entendu ça au ciné.

Alexandre Skarsarg est excellent et campe un anti-héro qui ne cherche pas à être charismatique, qui se tiens vouté tout le film, d’une bestialité assumée mais pas concon non plus. Le reste du casting le soutien de façon très juste, Dafoe, Kidman, Taylor-Joy, Bjork et Hawke, on c’est pas foutu de nous mais on n'a pas l’effet Matt Damon dans Interstellar, ils ont leurs places ici, parfois pour de petits rôles, mais jamais des caméo, on est évidemment très loin de l’univers Marvel rassurez-vous.

Apprécier The Northman n’est pas facile pour autant, il pousse tous les potards au max, la violence, les poncifs, la simplicité/intensité de la quête. Quelques connaissances de types métalleux avec un marteau de Thor autour du cou ne sont pas de trop pour apprécier l’intrusion du mystique. Je ne pense pas qu’on puisse rester indifférent devant, je comprends qu’on déteste, personnellement j’adore, trouver le film bof, c’est n’y rien comprendre. Je me suis surpris à me dire en pleine projecction "Tiens c'est de ce film dont j'avais besoin, c'est ce que je voulais, parfait".

J’ai évité à dessin de parler de certaines scènes mémorables pour ne pas gâcher la surprise, je vous conseille néanmoins le film, de toute urgence, en VO évidemment.