Ce film est une première. C’est à la fois le premier long métrage de Kathryn Bigelow et c’est également la première fois que Willem Dafoe occupe le premier rôle. On est dans les années 1950, on croise un biker charismatique et sa bande. L’un d’eux a une réparation à faire sur sa bécane et tout se monde-là est donc coincé dans cette petite bourgade au milieu de nulle-part. Autour d’eux, la population locale regarde ce groupe de loubards avec envie, désir et rejet. Il faut bien le dire, il ne se passe pas grand-chose. Et pourtant, on ne s’ennuie jamais. Le film se construit autour d’une ambiance pesante et inquiétante mêlée à une fausse légèreté. Il ne se passe rien mais on a le sentiment que tout pourrait arriver la minute d’après. Les personnages se révèlent au fur et à mesure, par touches et on comprend peu à peu le rapport entre chacun. On nous parle de liberté car c’est cela que symbolisent nos bad boys. Les hommes du coin les voient comme une concurrence quand les femmes les voient comme des chevaliers venus les délivrer … ou peut-être juste venus leur accorder une minute de fantasme. Le mot est lâché. A la mise en scène, on est frappé par le « gaze » comme on dit aujourd’hui. Mais celui-ci est à la fois « male » et « female » et on devine un sous-texte sur l’homosexualité ou tout du moins sur la désirabilité du corps, de chaque corps. C’est beau et ça complète une recherche constante du meilleur angle. A l’écran donc, des plans fixes parfois tarabiscotés et parfaitement justes. Ils contribuent à questionner le regard, celui des personnages et le nôtre. Pour cette première réalisation, si on ne peut pas parler de sobriété (les acteurs en font un poil trop), on peut au moins dire que Bigelow n’a pas encore forcé le trait (les tics même) de ce qui fera son style dans la fin des années 1980 et le début des années 1990 et c’est tant mieux. En bref, pas facile à trouver mais diablement conseillé.

Konika0
8
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le 23 oct. 2020

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