J'avais bien aimé lors de ma découverte, à la fois pour la surprise du changement de postulat dès les 5 premières minutes et les quelques idées rigolotes qu'utilise le film pour s'amuser avec son concept (la fin notamment, qui entame une boucle meurtrière jubilatoire, hélas daté pour le support VHS qu'il propose), et surtout pour l'aspect psycho-social toujours mis en avant. Si le film essaye de faire régulièrement preuve d'ironie et d'humour très noir, on constate qu'il se prend parfois au sérieux quand son psychopathe se donne des justifications, avec une certaine malhonnêteté intellectuelle qu'il convient de rectifier. Deux passages me reviennent en tête, celui où pour justifier un des meurtres qu'il vient de perpétrer, Max nous déclare que nous sommes tous des assassins. Parce que des tas d'africains meurent, qu'on pourrait les sauver si on vendait notre télé aux œuvres de charité, mais qu'on ne le fait pas... Ou encore une séquence sauvage intelligemment mise en scène, où ayant ligoté un couple, Max filme le mec pendant qu'il poignarde la femme, avant d'inverser le procédé et de montrer la femme agonisante pendant qu'il se charge de son compagnon. Puis se tournant vers la caméra, il nous demande d'un air bien complaisant si on n'avait pas envie de voir réellement ce qu'il s'est passé. Car c'est pour ça qu'on était là au départ... La réponse à ces deux argumentaires  : ce discours sur la charité est à mourir de rire. Max tue directement des personnes bien portantes et tente de salir son public en le rendant responsable des disparités entre sociétés, en donnant une solution qui n'en est pas une si elle se généralisait. C'est équivalent à dire qu'il faut envoyer le reste des assiettes pour nourrir les pauvres africains. Si certains sont touchés par le discours et veulent vendre leur télé et tous leurs meubles pour aider, libre à eux, c'est admirable de placer son bonheur dans la réalisation de celui des autres. Mais chacun a aussi le droit de vivre et d'assurer son moral au quotidien. Et la disparité des richesses ne rend pas responsable de la pauvreté. Quant à la complaisance sur la violence, il touche à un sujet assez sensible pour l'amateur d'horreur que je suis. Il serait assez facile de se contenter de reconnaître le fait sans s'y attarder davantage. En l'état, je défends l'idée que la violence au cinéma donne davantage d'intensité, que ce soit aux sentiments, au spectacle (meilleure immersion) et à l'ambiance. Mais il y a une différence de fond entre la petite péloche gore allemande et le film extrême ultra réaliste qui se permet de donner des leçons de morale alors que lui même ne les respecte pas. Quand on suit un psychopathe et qu'on assiste à ses méfaits, c'est sur la psychologie que je me focalise. Pas sur la fascination pour sa barbarie, mais ce qu'elle exprime. Donc accuser le public de s'en tenir à la curiosité malsaine, c'est malvenu et malhonnête. Max avait quelques pistes rigolotes sous le pied néanmoins, comme son métier de caméraman pour mariages, boulot qu'il exploite comme un parasite et qu'il filme comme de grosses réunions de beaufs qui viennent alimenter sa vision d'un monde inférieur à lui. Marrante touche d'humour noir, comme lorsqu'il filme les foules en traitant tout le monde comme du gibier, mais c'est assez mince pour être pris comme une comédie grinçante. Alors, Max parle de tout et de rien, varie les meurtres, tente quelques réflexions psychologiques. Il assume la vacuité de son comportement alors qu'il cherchait à le justifier, et finit par se retourner vers son public. En gardant ces petits détails, le film aurait pu être une gentille comédie noire dans la veine de C'est arrivé près de chez vous (quoiqu'il culminait dans le glauque à plusieurs reprises), mais en ne nous épargnant pas ses réflexions, il finit par avoir un ton antipathique qui crispe régulièrement le spectateur. Enfin bon, si Max n'arrive pas à vous rabaisser à son niveau, il vous tue. C'est simple. Avec quelques séquences efficaces malgré le caractère fauché du projet, The last horrror movie persistera dans la mémoire plutôt pour son amusant dénouement (pas fonctionnel, mais intéressant pour son innovation) que pour ses leçons de morale mal placées.
Voracinéphile
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le 28 nov. 2014

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