Consécration de la plainte victimaire qui accuse de racisme tout ce qui ne porte pas sa couleur de peau, The hate U Give est la bannière de l'idéologie #blacklivesmatter, qui nous explique que les policiers blancs sont toujours suspects de racisme en cas d'interpellation de personnes noires. D'ailleurs, comment des blancs comme nous pourraient comprendre la douleur que les personnes noires ressentent quotidiennement à notre contact, par nos tentatives maladroites d'ouvertures culturelles qui cachent forcément un racisme sous-jacent que l'on veut cacher pour paraître respectable, par nos compassions envers ces policiers inculpés pour crime raciste dont la famille se retrouve harcelée (devinez par qui) ?... Oui, the hate u give suscite la haine, parce qu'il cristallise constamment les conflits, ne traite jamais objectivement de la police et des noirs de banlieue (à quelques nuances près, comme l'oncle de l'héroïne, flic noir qui essaye mollement de défendre la police et les procédures d'enquête), et ne cherche jamais à apaiser les tensions, puisqu'il soutient un camp communautaire. Le film critique les blancs qui se donnent des airs de tolérance pour cacher quelque chose, mais qu'il assume alors de dire que les blancs n'ont rien à faire avec les noirs, et réciproquement, et que tout virera toujours à l'oppression des noirs par les blancs. Mais un tel discours serait inaudible, donc on pourra se réfugier dans la nuance du petit copain blanc qui dit "ne pas voir les couleurs de peau". Sa réplique est tellement naïve qu'on lui répond immédiatement "alors, tu ne me vois pas intégralement", signe de ce qui est quand même le principal : la RACE.


Surenchère de détails appuyés (les noirs sont constamment interpellés avec de la violence gratuite, les criminels noirs voient leurs activités balayées sous le tapis pour ne pas donner trop d'éléments à la défense des policiers blancs, la gamine blanche qui compatissait pour les harcèlements du flic blanc finit par balancer que noir et criminalité sont racialement liés et que l'ex-copain de l'héroïne allait donc se faire descendre tôt ou tard...), The hate U give est un excellent révélateur de tendances sociales, où on pourra enfin voir qui adhère au film par conviction (ou auto-dénigrement), qui va résister en face du décalage avec la réalité et qui ne sait pas trop où il se situe (et qui penchera probablement du côté des victimes revendiquées pour éviter de faire du mal par une attitude assimilée comme blessante). La criminalité est en bonne partie liée à la précarité, et les interventions policières se font donc majoritairement dans cette catégorie sociale, qui regroupe de nombreuses communautés. Par pitié, qu'on arrête avec les accusations raciales, elles ne sont pas le facteur déterminant dans le cadre des actions policières, parce que devinez quoi : la police blanche américaine ne tue pas majoritairement des noirs, et sur les milliers d'interpellations, seules une trentaine par an correspondraient à la description d'une bavure (policier blanc vs noir désarmé, et encore, être désarmé ne veut pas dire être inoffensif). Les vérifications en lien dessous :


https://www.youtube.com/watch?v=TW64LlJnGv0


La victimisation raciale est utilisée car elle permet de flatter une ethnie en particulier et de la rassembler facilement dans une direction politique. Ainsi, on cible facilement un électorat large avec une question "sensible". Mais si vous partez dans cette direction, comment voulez vous faire cohabiter des gens de races différentes ? Quelle est la finalité de cette école de pensée ? Le film a beau jeu de réinstaurer Malcolm X comme une icône noire importante, son plan était, rappellons le, de séparer l'amérique en deux entre les noirs et les blancs. Le communautarisme est un système largement appliqué aux Etats-Units, est-ce donc ce que l'on veut importer ici en France ? Est-ce qu'au nom de la Conscience Sociale, on veut que les gens restent entre eux et arrêtent de se mélanger ? Car le "racisme" tant décrié continuera d'autant plus, et l'argument victimaire marchera encore davantage dans les élections, verrouillant complètement le dialogue. Et alors que les races stagneront, les inégalités sociales continueront de se creuser...

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le 12 janv. 2019

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Voracinéphile

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