Le 26 février 2014 est sorti dans nos salles françaises un film indépendant réalisé par un cinéaste texan du nom de Wes Anderson, et dont ce fut le premier film que je découvris de sa filmographie avant d’attaquer ensuite l’excellent "Moonrise Kingdom" et le très bon "Fantastic Mr. Fox" adaptant un de nos romans français (Cocorico mes amis).


Dernièrement, lors de la cérémonie des Oscars de cette année, ce film a reçu 4 récompenses (à juste titre selon moi) pour la musique, les décors, le costumes et enfin le maquillage et les coiffures. Mais à mon sens, il aurait aussi bien mérité l’Oscar de meilleur film que Birdman ou la plupart des autres films nominés dans cette catégorie. La première fois et la seconde fois que j’ai vu ce film, j’avais pas les moyens nécessaires pour pleinement l’apprécier ou en faire une critique, mais en le revoyant en Blu-Ray récemment j’ai été heureux de pouvoir l’apprécier davantage, surtout en sachant que beaucoup de mes amis cinéphiles ont vraiment apprécié ce film, ce qui, en plus de me faire plaisir, m’encourage à en parler davantage.


Au bout de trois films, on remarque que le metteur en scène est du genre à toujours soigner minutieusement ses cadres, ses travellings, ses déplacements de cadre en ligne droite horizontale ou verticale ou même sa manière de filmer longuement un personnage au centre d’un plan fixe ou lors d’une discussion en champ/contre-champ. Mais ici, Wes Anderson va vraiment plus loin en apportant vraiment un visuel aux couleurs chaudes d’un parfait raffinement et d’une richesse coloré qui a un charme très originale. C’est simple, tout d’abord, à chaque fois qu’on est à l’intérieur du Budapest Hôtel, Wes Anderson arrive toujours à trouver un plan, un cadre ou une bonne astuce de mise en scène pour raconter son histoire d’entre-deux guerre


et faire resplendir la noblesse de l'hôtel à son âge d'or.


Tout est d’une esthétique soignée et d’une chaleur coloré et visuel qui arrive parfaitement à capter toute l’architecture et la majesté de l'hôtel.


Les déplacements de caméra sont fluides, le jeu de plan fixe s’accorde très bien avec la narration de la voix-off, et la réalisation arrive même à jouer avec l’humour de ce film qui est ici plein de finesse et arrive à trouver un bon accord avec le comédie dramatique, que ça soit pour jouer sur les dialogues des personnages ou des éléments en arrière plan


comme le passage à tabac d’un conducteur par les prisonnier évadé de prison et précédemment compagnon de cellule de Gustave.


Une petite idée toute bête qui me vient directement en tête, là,


c’est la scène du train après que Gustave et Mustafa aient volé le garçon à la pomme devant lequel Gustave se contemple, Mustafa se penche de son lit et il apparaît dans un tout petit miroir à gauche de l’écran en gardant une expression neutre en répondant positivement à son mentor quand ce dernier lui demande si il ressemble bien au élégant garçon du tableau.


C’est tout bête et très décalé mais difficile de ne pas sourire quand on voit une si petite astuce recherchée. Une autre idée qui m’a aussi tapé dans l’œil, c’est le fait


de terminer le film sur la même musique du début pour retrouver l’ambiance aussi étrange que l’ouverture.


De toute manière, du début à la fin, Anderson fait toujours une recherche approfondi en ce qui concerne le cadrage et la mise en scène et ça se sent énormément, sans compter qu’il joue aussi sur le format d’image


pour narrer le récit et les flash-back avec finesse.


Y’a pas à dire, le travail qu’il a fourni est exceptionnel.


La bande-son aussi est particulière, composé par Alexandre Desplats qui signait ici une nouvelle collaboration avec Wes Anderson, sa troisième après les deux précédents films du même réalisateur et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on peut se vanter d’avoir un français aussi surprenant que lui en pleine progression quand on voit son travail musical sur ce film, notamment avec un orchestre folklorique russe et un instrument russe particulièrement utilisé dans ce film, le balalaïka. Là aussi on sent une impression de luxe et de raffinement à travers l’instrumentation lors des séquences au Budapest Hotel, mais il s’en dégage aussi une sensation d’amertume et pesante surtout quand il s’agit de souligner qu’on se situe à


une époque ou le mouvement nazi se répand de plus en plus et commence à se répandre à travers l’Europe dont les alentours de l’hôtel justement.


C’est une réussite en termes de travail d’ambiance, et même si j’ai une très large préférence pour la BO de Zimmer sur un film dont vous vous doutez surement du nom, je ne peux pas renier la qualité de la musique de ce film ou démentir ma sympathie pour le travail de notre french man musical, très bon travail sur ce point également.


Mais si ce film a tant fait parler de lui, c’est surtout pour son casting tout aussi luxueux que le reste, et là je vais pas faire des mains et des pieds pour dire que tout les acteurs sont simplement superbes : Ralph Fiennes est splendide en concierge d’hôtel aussi hilarant que classe dans sa manière de s’exprimer et mène tout le casting avec un talent hors-norme, y’a pas à dire, il sait y faire le Voldemort. Tony Revolori qui est peut connu se montrer aussi très convaincant à l’écran et la relation apprenti/mentor qu’il entretient avec ici, dans la peau de Mustafa avec Gustave est très appréciable et il forme un duo très hilarant. Pour le reste, tout les acteurs sont bons voire géniaux, Willem Defoe est toujours à l’aise en gros psychopathe dangereux, Adrien Brody est une grosse enflure qui joue avec classe et qu’on aime détester, Jeff Goldblum fait très bien son boulot également, Edward Norton qui signait une deuxième collaboration avec Wes Anderson était excellent aussi, Saoirse Ronan est très attachante en Agatha, Mathieu Almaric convaincant également, F. Murray Abrahm aussi qui arrive même à se montrer touchant à un moment, même Bill Murray qui apparaît peu au final a un rôle sympa. Après, c’était peut être pas nécessaire d’engager Léa Seydoux qui est un peu juste là pour élargir le casting (elle fait correctement le travail mais on l’oublie vite), mais en général difficile de ne pas aimer un tel casting.


Parlons maintenant, pour terminer : du scénario. En soi, c’est simple, "The Grand Budapest Hotel" est ce que j’ai envie d’appeler une sorte d’Indiana Jones moderne et décalé


sur fond de futur conflit de seconde guerre mondiale.


La quête d’un bien de valeur inestimable, Gustave est une sorte d’Indiana chic, classe et concierge au lieu de professeur d’archéologie et il a toujours son acolyte qui l’accompagne et les personnages ont tous une forme et une personnalité.


En plus, à travers cette loufoquerie et la bizarrerie de cet univers, il y a très souvent une belle sensation de plaisir et d’agréabilité qui en ressort. Car même dans la bizarrerie et l’aspect cartoon certaines choses sont cohérentes et appréciables,


la romance entre Mustafa et Agatha en premier lieu ou la maladresse de Mustafa s’accorde bien à l’étrangeté de ce petit univers et ou on apprécie voir ces deux personnages à la fois haut en couleur, mais aussi tragique dans le fond dans le cas de Mustafa, s’aimer sincèrement.


En plus de cela, l’humour est très bien géré et il n’y a pas de problème de rythme à ce niveau là. En fait, il y a surtout 2 choses que j’apprécie particulièrement sur ce point : tout d’abord, Wes Anderson sait varier ses gags et jouer sur sa réalisation pour les rendre efficace, et deuxièmement, il développe un arrière plan sur son histoire


qui dénonce la montée du fascisme et du nazisme en Europe dans la partie de l’ouest durant l’entre deux-guerre à travers le parcours de Mustafa et les scènes du train qui sont très certainement une allusion aux troupes Hitlériennes.


C’est très culotté, mais dans les faits c’est une allusion vraiment ingénieuse qui fait de cette comédie et de cet Indiana Jones bis une sorte de fausse comédie très astucieuse.


Bon après, je vais pas crier à la perfection parce que des défauts, il y en a quelques uns dans l’histoire. Déjà, même en sachant que ce film est volontairement cartoon en terme d’humour et qu’il a une histoire solide, ça n’excuse pas certains petites trous scénaristiques


comme le fait que Jopling découvre, à la prison ou Gustave était enfermé, une trace de pâtisserie de Mendls et qu’il ne prenne pas la peine d’interroger le pâtissier en question voire même de le liquider puisque c’est censée être un espèce de tueur à gage complètement cinglé.


Il y a aussi 2/3 sauts de péripéties qui sont un peu gênante,


comme le fait de passer directement de la fuite de Gustave et Mustafa après avoir tué Jopling à l’hôtel ou ils sont infiltrés en tant qu’employés chez Mendls.


Mais bon, ça reste quelques petites facilités pas bien gênante au final, comparé à tout le reste, "The Grand Budapest Hotel" est une vraie petite merveille et un exemple de bonne comédie qu’on devrait prendre en exemple : c’est réalisé avec inventivité, c’est interprété brillamment avec Fiennes/Dafoe/Brody/Revolori en tête de liste, c’est très bien composé au niveau de la musique et on ne s’ennuie pas au niveau de l’histoire, on éclate au moins une fois de rire devant ce dernier film en date d’un réalisateur qui va être à suivre dans les périodes à venir. Si vous ne l’avez pas encore vu, dépêchez vous de le voir, croyez moi vous passerez au pire un moment sympathique, au mieux vous vous amuserez beaucoup.

Maxime_T__Freslon
9

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le 6 mai 2015

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