La vieillesse est un naufrage, le film aussi

Assez pénible.


Le film me bottait pourtant bien ; et encore plus après ma découverte mercredi dernier du Falling de Viggo Mortensen, lui aussi axé sur la cohabitation douloureuse entre un cinquantenaire et son paternel grincheux. J’étais du coup assez intéressé par l’idée de comparer les traitements respectifs de ce sujet proposés par les deux films.


Celui-ci s’avère en réalité bien moins conventionnel que promis (et du coup que son prédécesseur Falling) mais surtout très décevant… Alors je ne connais pas du tout l’œuvre de Florian Zeller (qui ne serait pourtant rien de moins que l’auteur français vivant le plus joué dans le monde), dont je n’ai du coup pas lu la pièce homonyme ; mais je ne suis en tout cas pas du tout convaincu par ce premier film.


Pourtant, le projet avait, sur le papier, plutôt fière allure. Un huis clos sur un sujet passionnant (en ce qui me concerne) porté par deux acteurs que j’aime bien : je n’en demandais pas plus…


Hélas le film annonce très vite la couleur : Florian Zeller cherche absolument à égarer son spectateur, à le semer autant que possible et à le faire s’interroger perpétuellement sur la véracité de ce qui se joue devant lui à l’écran. Bien décidé à faire ressentir au spectateur la confusion animant l’esprit du personnage d’Anthony Hopkins (en fait complètement gaga – je compatis), l’auteur construit son film comme un perpétuel jeu de piste cérébral où chaque scène semble chasser la précédente (rendue caduque puisqu’incohérente avec la nouvelle) et ou, finalement, la majorité d’entre elles semblent n’être que des divagations de l’esprit malade d’Anthony. La mécanique est enclenchée dès la seconde scène et ne sera relâchée que dix minutes avant la fin et son simili-twist.


Un procédé agaçant qui rend le film rapidement très déplaisant et passablement interminable. Mais surtout tue toute possibilité d’émotion : quel gâchis ! Avec un pitch pareil et de tels acteurs, je n’aurais pourtant pas été bien difficile à cueillir. Mais là, j’ai vraiment trop eu l’impression que Florian Zeller, trop fier de son concept de petit malin, avait décidé de limiter son film à ça… au détriment de toute émotion. Alors ouais, Anthony Hopkins et Olivia Colman sont très bons mais ça ne rattrape pas l’affaire…


Bref. Un film assez pénible et très décevant. Je lui préfère donc sans réserve Falling – que je recommande, lui.

ServalReturns
3
Écrit par

Créée

le 26 mai 2021

Critique lue 6.7K fois

16 j'aime

5 commentaires

ServalReturns

Écrit par

Critique lue 6.7K fois

16
5

D'autres avis sur The Father

The Father
Behind_the_Mask
8

Devoir de mémoire

Les yeux sont le miroir de l'âme, paraît-il. Et il suffit d'un regard, parfois, pour susciter mille émotions. The Father me l'a rappelé cet après-midi, avec le regard tour à tour hébété et...

le 3 juin 2021

114 j'aime

7

The Father
lhomme-grenouille
8

Une chose de savoir. Une autre d’y être…

On y passera tous. On a conscience de ça. Le déclin, la vieillesse puis l’oubli. Personne n’est dupe. On a tous vu un père ou une grand-mère s’engager sur ce chemin. Des proches ou des inconnus. Les...

le 27 mai 2021

53 j'aime

25

The Father
Plume231
7

La Vieillesse est un naufrage !

Vivre la "réalité" d'un homme qui tombe de plus en plus profondément dans la sénilité (sans s'en rendre compte le moins du monde, cela s'entend !), c'est comme si sa mémoire (ou plutôt son absence de...

le 3 mai 2021

50 j'aime

12

Du même critique

OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire
ServalReturns
7

Ce magnifique pays que l’Afrique

Ah, OSS 117 3… un film que j’aurai attendu comme j’en ai attendus peu. Douze ans maintenant que je le réclamais, le rêvais, le fantasmais… Bien sûr, la route fut semée d’embûches. Ce furent d’abord...

le 4 août 2021

40 j'aime

5

Benedetta
ServalReturns
4

La déception est aussi cruelle que l'attente a été longue

Vu hier soir. Grosse déception... Comme Elle, le film jongle sur différents tons ; il se veut tour à tour comique, dramatique, ironique, solennel... et sur le papier pourquoi pas, mais je trouve...

le 11 juil. 2021

30 j'aime

1