The Creator
6.4
The Creator

Film de Gareth Edwards (2023)

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The Creator est la promesse de la création d'un univers original de la part de Gareth Edwards, désirant reprendre le contrôle artistique de ses œuvres, suite à ses déconvenues avec ses précédents films, Godzilla puis Rogue One, des œuvres mineures et convenues, aux personnages sans reliefs.


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Dès les premières minutes, le film nous embarque dans la quête de Joshua (John David Washington), un homme en souffrance à la poursuite d’un fantôme. Durant plus de deux heures, Gareth Edwards nous fait découvrir son univers d’une époustouflante beauté visuelle, avec ses deux personnages principaux attachants, Joshua et Alphie (Madeleine Yuna Voyles). On vibre avec eux dans l’espoir de les voir surmonter la violence aveugle des officiers militaires américains, afin de parvenir à sauver un peuple désigné comme une menace pour l'humanité.


Une œuvre sous influence


Les scènes d’actions et d’émotions s'enchaînent, au rythme de ses nombreuses références. Akira avec Alphie, une enfant isolée et enfermée dans une bulle, aux pouvoirs en pleine évolution, vu comme une arme de destruction massive par les militaires américains. Une équipe de soldats est envoyée pour l’éliminer avec des faux airs du commando de Aliens. Le monde dans lequel évolue les différents personnages, ressemble à celui de Star Wars, surement des réminiscences de Rogue One, ainsi que de Blade Runner avec ses métropoles surpeuplées. On peut citer d’autres œuvres cinématographiques mais la plus importante est celle de l’écrivain Isaac Asimov, dont Les Robots est une immense source d’influence.


John Rambo David Washington : C'était pas ma guerre!


The Creator n’est pas juste un film avec ses références à la pop culture pour satisfaire le public, le mettre en confiance et lui permettre d’adhérer à son univers. Ce n’est pas un hasard si le continent asiatique est la cible de ses sociopathes de militaires américains. L’action aurait aussi bien pu se dérouler en Russie, son ennemi intime depuis des décennies, où au Proche Orient.


L’histoire se réfère aux guerres, ainsi que les invasions de la part des auto proclamés champions de la liberté, du moins, si on est d'accord avec leurs politiques ségrégationnistes et leur capitalisme exacerbé. Outre l’Afghanistan, c’est la guerre du Vietnam, ainsi que les bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki qui ne cessent de résonner dans nos esprits lors de chacune des impressionnantes explosions d'un souffle dévastateur. Les États-Unis possède une arme de dissuasion, Nomad, qui survole le continent asiatique, telle une épée Damoclès, comme ce fut le cas avec Enola Gay.


Les AI sont perçus comme des étrangers, que l’Amérique se doit d’éradiquer, à défaut de les asservir. Une référence au génocide du peuple indien, ainsi que l’esclavagisme. Ils sont désignées comme responsables d’une explosion qui a dévasté la ville de Los Angeles. Comme ce fût aussi le cas avec les musulmans, suite aux attentats qui ont frappé le sol américain et plus particulièrement les deux tours du World Trade Center. Le film se réfère à ce drame, en nommant aussi le cratère sous le nom de Ground Zero. Cette vendetta, comme ce fut le cas pour la guerre en Irak, résulte d’un mensonge.


A bout de souffle


L’intrigue est simpliste. A La différence, qu’il s’agit d’une oeuvre originale, contrairement aux blockbusters qui s’appuie sur des comics de Marvel et DC Comics (Avengers, Batman), des jouets (Transformers, Barbie), des jeux vidéos (Mario, Sonic) ou des franchises comme Star Wars et Rocky, bref des films qui ont un déjà un public acquis à leur cause, susceptible d’en faire des succès, comme les œuvres citées précédemment.


Pourtant, on constate une certaine lassitude de la part du public. Les échecs du dernier Indiana Jones 5, de Blue Beetle, de Ant-Man 3, etc… peuvent laisser croire que cette période d’une grande pauvreté narrative et artistique est en train d’atteindre ses limites. Le succès de Oppenheimer est rassurant. Il prouve que le public peut se passionner pour une œuvre fleuve et complexe.


The Creator se veut d'être une prise de risque toute relative. Ce n’est pas l’enjeu financier qui m’intéresse, car jusqu’à preuve du contraire, je ne perçois pas un seul pourcentage, ce qui est bien dommage. Ce qui est vraiment en jeu, c’est l’accueil que va lui réserver le public, qui est susceptible de bousculer un tant soit peu les décisions des producteurs, pour leur donner envie de s'investir dans des projets originaux. Malheureusement, l'échec du film sur le sol américain, risque de ne pas encore pouvoir changer la donne. On espère qu'il n'en sera pas de même à l'international.


Enfin bref...


The Creator est un film de science-fiction qui, à défaut de développer une intrigue aussi originale que son univers, tient les nombreuses promesses entrevues pour nous offrir un grand spectacle. Gareth Edwards et Chris Weitz ont fait preuve d’un indéniable talent pour créer un monde futuriste, afin de parvenir à nous embarquer dans cette histoire simple mais efficace.

easy2fly
8
Écrit par

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le 5 oct. 2023

Critique lue 25 fois

1 j'aime

Laurent Doe

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