The Company Men
6.3
The Company Men

Film de John Wells (2010)

Quoi de plus triste, finalement, que de voir des idées auxquelles on tient, traitées de manière si fade et convenue ?
Oui, le capitalisme aveugle, à l'américaine (pléonasme ?) c'est mal, oui le chômage c'est dur, oui trouver un job ça peut être infernal.
L'idée de faire un film autour de ces thèmes, soutenue par des acteurs capables et dotés d'un fort capital sympathie (Tommy Lee Jones en tout cas), est même intéressante dans un paysage U.S. décérébré et infantilisé où le moindre élément de débat politique est souvent considéré comme un objet curieux et dangereux.

Comment se sentir concerné par ces trois cadres roulant sur un train de vie somptuaire ? (merde, obligé de résilier l'abonnement au golf et vendre la Porsche, c'est dur !)
En fait, ce qui énerve, au delà du rythme archi-plat de l'ensemble, ce sont ces éléments périphériques qui empêtrent encore plus l'ensemble dans un grand machin mou.
La famille de Bobby Walker, par exemple: la femme parfaite prête à repartir à zéro sans l'ombre d'une hésitation, clairvoyante, douce et compréhensible... Ce fils calme et réservé (quand il est énervé, il tapote le mur) qui vend sa Xbox avec résignation et discrétion.
Ce même Bobby (Ben Affleck, à l'image de son personnage, un poil transparent) qui ne remet rien en question, jamais. Son seul soucis et de retrouver un job équivalent à l'ancien pour maintenir un train de vie ridicule. Aucune remise en cause du système, il faut s'adapter ou mourir.
Le fait même qu'il occupait jusque là un poste qui participe à la tragédie qui l'accable désormais n'est jamais ne serait-ce qu'effleuré. On reste à la surface lisse des choses, avec une superficialité qui devrait être le sujet même de la critique du film.
Bobby refuse des propositions parce que les salaires sont la moitié de ce qu'il gagnait auparavant mais finit par faire le menuisier pour un beau-frère consciencieux et fauché.
A la suite de cet océan de béatitude flasque, les petites envolées lyriques de la fin (le travail du dimanche, le nouveau projet) tombent avec application à côté de la plaque.

Une certaine idée de ce que peut-être un beau gâchis, à l'image du personnage de Gene McClary (Tommy Lee Jones) dont on attend, pendant tout le film, qu'à travers lui se passe quelque chose (la première heure semble nous y préparer). Quand le générique de fin apparait, accompagné des mêmes quelques notes de guitares qui baignent l'ensemble de l'histoire, on est définitivement fixé. Non, le film ne démarrera jamais, aucune piste ne sera explorée, aucune réflexion proposée.
Une belle arme sans munition. Un exercice vain.
Un gâchis chiant.

Créée

le 28 août 2011

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guyness

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