J'ai une confidence à vous faire : je suis un gros fan de Poltergeist.
Pourquoi parler de ça ici alors que rien (ou presque) ne lie ce dernier à The Cellar ?
Elémentaire mon cher lecteur, c'est une façon d'avouer que j'aime les "films fantastico horrifique pour jeunesse", ceux qui te traumatisent quand tu les découvres entre 7 et 13 ans, mais qui ont cette patte qu'on pourrait associer aux productions Amblin, ce coté "conte sombre" que l'on retrouve trop rarement aujourd'hui.


Est-ce à dire que The Cellar est un bon film ? Je n'irai pas jusque là.
Mais il a ce petit je-ne-sais-quoi qui me titille, il flirte indéniablement avec plusieurs de mes cordes sensibles, fussent-elles mal accordées ici, en l'occurrence.


On y retrouve çà et là, quelques fulgurances que je vous livre pêle-mêle et sans spoil :
-une maison terrifiante (un postulat de départ nécessaire, certes, mais que certaines productions s'avèrent incapables d'offrir), un jeu sur une photo qui, à peu de chose près aurait presque pu pousser jusqu'à La Maison Près du Cimetière de Fulci, au lieu de s'arrêter en chemin, une cave (le Cellar du titre) angoissante à souhait, qui danserait presque avec Evil Dead, sans Dead et avec bien peu d'Evil, une pointe d'occultisme pas spécialement bien maîtrisée et vraiment survolé au point que l'on est en droit de se demander si les recherches préliminaires ont dépassé une demi heure de wikipédia combinée à une petite poignée de vidéos de vulgarisation (arborer avec autant d'ostension la citation "Solve et Coagula" sur le fronton de la porte d'entrée en dit long sur la finesse de la relation à l'occultisme de nos scénaristes, qui trouvent de surcroît le moyen de se planter en définissant une des figures centrales de l'ésotérisme, et de se réapproprier la citation latine en la réduisant à un coté littéral... ).
On pourra d'ailleurs faire le même reproche au niveau de l'utilisation des fonctions mathématiques, une idée qui aurait pu s'avérer efficace et qui était alléchante, mais s'avère malheureusement sous-exploitée sans réussir à donner ne serait-ce que l'illusion de maîtrise réelle, dommage, quand on sait que la danse entre ces deux aspect aurait dû représenter un socle solide sur lequel l'intrigue aurait dû pouvoir s'appuyer, au moins suffisamment pour permettre au spectateur indulgent de maintenir tranquillement sa suspension d'incrédulité... (en même temps, lorsqu'un des points d'orgues d'une des "énigmes" tient à la résolution d'un collage digne d'un cahier de vacances pour CE2 option Satanisme..)
Mais ne soyons pas mauvais joueurs, trouver ces éléments au menu fait toujours plaisir, on nous parle cabale, démonologie, sciences occultes, magie, mathématiques interdimensionnelles, on réussit (presque) à conférer une dimension organique à la demeure.
Bref, d'assez nombreuses bonnes idées, piochées un peu partout, mais en restent trop souvent à ce stade, ce cruel stade du "presque", n'arrivant que rarement à se déployer dans une vraie scène irréprochable dans laquelle on peu s'immerger avec délectation.


Non, bien qu'on tente une recette à la fois classique avec ses pointes d'audace, malheureusement la sauce ne prend que trop rarement, faute de maîtrise réelle des éléments convoqués.
Et malgré ma sympathie pour ce film, je ne peux pas nier son coté "bâclé", tant dans l'écriture des personnages que de l'intrigue.


Pourtant, des réussites, il y en a, des vraies (et oui, j'ose employer le pluriel!), notamment une ou deux idées qui n'auraient pas fait tache dans un Dossier Warren, par exemple.
En parler plus avant serait en gâcher la mise en place, la surprise éventuelle, l'efficacité de sa mise en place.
Mais crois-moi, lecteur et spectateur potentiel, ces scènes existent, elles sont là.


Dommage que les personnages soient cons comme des manches de pioche (ou géniaux via un Deus Ex Machina des plus comiques). Et je ne critiquerai même pas leur jeu, car clairement, pour la plupart, ils font ce qu'ils peuvent avec ce que le réalisateur leur donne à grignoter. La mère oscille entre le ridicule consommé et des moments de grâce ponctuels, le père reste constant dans une certaine médiocrité, le gamin joue, certes plus à la console qu'à l'enfant terrifié, mais il joue.


Là encore, aller plus avant serait aller trop loin pour ceux qui voudraient s'aventurer dans ce film, j'en conclurai donc simplement :


Malgré TOUS ses défauts, j'ai plutôt aimé ce film, avec un gros effort d'abstraction et d'immersion.
Je pense qu'il ne méritera certainement pas la volée de bois vert qui lui pend dangereusement au nez, mais plutôt un visionnage bienveillant de la part de ceux qui sont comme moi lassés des histoires d'exorcismes et autres mouvements de modes arrivés successivement à saturation.


Ici, c'est une tentative, peut-être même pas à moitié réussie, de revenir au film fantastique, avec une volonté de mêler des backgrounds qui sont souvent isolés les uns des autres, mais rien que pour ça, je lui accorde non seulement la moyenne, mais en plus, un bisou pour l'effort, et pour les quelques moments où je n'étais pas à l'aise et où j'ai replacé mes pieds sous la couette.

toma_uberwenig
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le 18 avr. 2022

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toma Uberwenig

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