The D4rk Batman Begins: Year Two (SPOILERS)

(Précision parce Internet toussa toussa: tout ceci est un avis purement subjectif, de la part d'un vieux fan du personnage sans doute un peu trop attaché à la trilogie Nolanienne et pour qui la version animée de Paul Dini et Bruce Timm constitue la version ultime et parfaite du personnage).


Qu'il revient de loin ce Batounet..
Jadis prévu comme faisant parti de l'univers partagé DC (officieusement appelé "DCEU") réalisé ET intérprété par Ben Affleck, le projet a muté-notamment suite aux (très) mauvais retours sur l'univers instauré par Zack Snyder- pour devenir finalement un énième reboot du chevalier noir, sous la houlette de Matt Reeves derrière la caméra et Robert Pattinson sous le masque.
Sixième version du personnage à apparaître sur grand écran et neuvième aventure solo, le personnage de Batman version Matt Reeves, arrive t'il à tirer son épingle du jeu à une époque ou la trilogie de Christopher Nolan est encore solidement ancré dans l'inconscient collectif et la culture populaire ? (et ou beaucoup de fanboys continuent inlassablement leur pétitions pour un quelconque "Snyderverse" avec Ben Affleck)


D'entrée de jeu, ce qui frappait des les premières images des différentes bandes annonces, c'est à quel point le film est beau. En terme de réalisation et de mise en scène, nous sommes très certainement face au meilleur long métrage consacré à l'homme chauve-souris. Matt Reeves multiplient les plans iconiques et "cartes postales" au possible. A mi chemin entre le côté "réaliste urbain" de Nolan et un côté plus gothique et intemporel à la Tim Burton ou Bruce Timm, Reeves mets en scène une Gotham et un univers sombre, crade, lorgnant beaucoup du coté des jeux vidéo Arkham (notamment "Arkham Knight" avec cette pluie persistante). Les premières minutes du film, presque angoissantes, et plaçant réellement Batman en "boogeyman" et jouant sur la peur de l'obscurité sont assez jouissives. On pourrait toutefois regretter que les scènes d'actions à mains nues-qui restent très efficaces- n'ont pas la trempe et l'énergie de celle de "Batman V Superman" contrairement à ce que pouvaient laisser supposer les bande annonces. (Ici, nous sommes plutôt à mi-chemin entre les styles de Zack Snyder et Christopher Nolan).
Des son arrivée sur le projet, Reeves avait émis ses intentions de faire de son Batman, un véritable film d'enquête et d'exploiter le côté détective du personnage (qui fut jusque là à peine survolé au travers les différents films il faut bien le dire).
En cela, le pari est amplement réussi. The Batman est un film noir, allant jusqu'à utiliser (uniquement à deux reprises malheureusement) le gimmick du héros narrant l'histoire en voix off (ce qui évidemment rappelle fortement les comic books).
Si "The Dark Knight" était clairement influencé par le cinéma de Michael Mann-notamment "Heat"- ce nouveau Batman pioche lui dans le cinéma de David Fincher tant certains éléments rappellent "Seven" ou "Zodiac". (Le film va jusqu'à reprendre la colorimétrie jaune/orangée que l'on peut retrouver dans la filmographie de Fincher.)


Pour la première fois, nous voyons donc réellement Batman agir en détective aux côté de Jim Gordon, et rien que pour ça, le film se démarque des précédentes itérations en proposant sans doute ce qui est tecnhiquement, l'adaptation la plus proche et respectueuses des comic books (et puis, voir enfin Batman sur des scènes de crime avec lampe torche, ça fait son ptit quelque chose).

Pour autant, d'un point de vue plus filmique, de nombreuses séquences sonnent comme du déjà vu.
Si je ne vais pas toutes les énumérer et que j'omets volontiers les passages obligés et plus qu'évidents (comme Gordon près du Bat-signal ou ce dernier se retournant et s'apercevant que Batman n'est plus là, les criminels apeurés à la simple vue du bat-signal ou encore simplement Catwoman ouvrant un coffre fort) on peut tout de même citer:
-la scène de l'interrogatoire presque calquée sur celle de "The Dark Knight"
-pas mal de scènes avec Catwoman qui rappellent "The Dark Knight Rises" (dont le fameux "No guns no killing")
-les messages télé du Riddler filmés au téléphone évoquent fortement ceux du Joker de "The Dark Knight" avec les journalistes avertissant de leur violence.
-Un Bruce Wayne grimé en vagabond/SDF qui fait du repérage tout comme dans Begins
-Batman tapant des mecs dans le noir, uniquement éclairé par les détonations des armes (bien plus jouissive dans cette version, et sans doute meilleur scène du film).
-ou encore Batman tabassant des hommes de main dans une discothèque pour interroger un mafieux (Maroni dans "The Dark Knight", le Pingouin dans "The Batman").
On pourrait pousser le vice jusqu'à dire que la vue de cette Gotham aux teintes jaunes orangée et pluvieuse, rappelle celle de "Batman Begins" et son quartier des Narrows.
Bref, si beaucoup de ces scènes viennent aussi des comics (après tout, combien de fois Catwoman a fait mine de s'enfuir pour finalement secourir Batman et combien de fois Batman a interrogé des criminels ?) et sont donc logiques, -et que je reconnaîs que l'on peut parler de "pinaillages" de la part d'un fan des version Nolan-, on ne peut que constater que pour sur pas mal d'aspects, le film de Matt Reeves sonne parfois comme un écho.
Echo qui prend tout son sens, lorsqu'on se penche sur les inspirations du réalisateur pour son film.


En effet, tout comme Nolan, Matt Reeves a puisé dans des classiques tel que "Batman Year One" de Frank Miller (dont il reprend notamment l'aspect de Gotham) et "Un long Halloween" de Jeph Loeb et Tim Sale (dont il reprend l'ambiance, le côté enquête voir des éléments de scénario, là ou Nolan avait surtout repris le côté tryptique "Batman, Gordon, Harvey Dent" et la descente aux enfers de ce dernier). Et tout comme Nolan (sans doute plus encore que ce dernier d'ailleurs) Reeves pioche dans la période Neal Adams & Dennis O'Neil dans laquelle le côté détective de Batman était des plus présent.
En plus de ceux-ci, "The Batman" pioche de nombreux éléments de comics plus récents tel que "Earth-One" de Geoff Johns et Gary Frank dont on retrouve le côté plus "casse-cou" et presque amateur d'un Batman pas tout à fait prêt pour combattre le crime, un Alfred au design presque similaire et surtout la révélation du nom de naissance de la mère de Bruce, Martha Arkham (par ailleurs, on avait déjà dans ce comic, un Batman scandant "Je suis la vengeance").
Au delà des comics, Reeves semble également s'être inspiré du jeu vidéo de Telltale, dans lequel on y apprenait que les Wayne n'était pas si innocents que ça et avaient fricotés avec la mafia et Falcone. La comparaison peut même aller jusqu'au look (et la voix trafiquée) du Riddler du film, très proche de la Lady Arkham de Telltale.
Et au vu de la fin du film, on peut penser que la suite s'inspirera en partie de "Batman Zero Year" dans lequel la ville de Gotham est innodée ou encore "No man's land".


Autant le dire tout de suite, je ne suis pas fan de Robert Pattison (au delà de Twilight hein). Pourtant, force est de constater que l'ancien vampire s'en sort très bien en Batman.
Un Batman très taciturne dont le regard tantôt mélancolique, tantôt plein de rage est magnifiquement mis en avant par la caméra de Matt Reeves. (ce qui explique peut être la quasi abscence "d'expression" sur le masque contrairement aux précédentes itérations).
La ou le bât(man ahah) blesse, c'est en Bruce Wayne. Volonté total du metteur en scène, le côté "ado rebelle emo gothique" qui fait sa crise et vit comme une rockstar un lendemain de cuite n'as pas du tout fonctionné sur moi, trop too much dans le côté "d4rk" à mon goût. Mon non-attachement à l'acteur n'as pas du aider je le reconnais, mais j'ai personellement peiné à y voir Bruce Wayne.
Au rang des semi déceptions, on peut citer Zoé Kravitz et Paul Dano. Non pas qu'ils soient mauvais, loin de là, mais avec son aspect totalement comic accurate, je pensais sincèrement que Kravitz se hisserait totalement au dessus des versions précédentes du personnage. Au final, j'ai eu la sensation d'un personnage gâché, notamment par un arc scénaristique en dent de scie, pas assez espiègle et avec une romance peut être un peu trop forcée. (Bon j'avoue être probablement biaisé par amour pour Anne Hathaway..).
Paul Dano quant à lui, est décevant par un surjeu qui contre balance avec ce que véhicule son personnage. Le début nous le montre froid et méthodique, mais il se révèle finalement plus de la version Jim Carrey qu'on aurait pu le croire tant il en fait des caisses une fois démasqué.

Pour le reste, Jeffrey Wright est un parfait Jim Gordon-digne succésseur d'un Gary Oldman déjà parfait- (et fuck les "ouin ouin il est noir"). John Torturo est un Falcone impeccable et Colin Farrell (absolument méconnaissable sous son maquillage) est à la fois savoureux et très drôle en Pingouin, sans doute le personnage le plus mémorable du film. Quant à Andy Serkis, ce dernier est convaincant dans le rôle d'un Alfred un poil absent et différent des habitudes (ici, il ne semble pas tellement être le majordome de Bruce tant il a l'air de gérer Wayne Enterprise à lui tout seul et fait d'avantage figure de mentor plutôt que de père de substitution).


Enfin, comment ne pas mentionner la musique de Michael Giacchino. De la "marche impériale" de Batman-qui reste inlassablement en tête après le visionnage/écoute- au thème de Catwoman totalement dans une ambiance de femme fatale de film noir-, le compositeur livre une BO absolument dantesque.
Alors, "The Batman" arrive t'il à tirer son épingle du jeu ? Dans l'ensemble oui, complètement. Par sa mise en scène impeccable et son aspect enquête, le film de Matt Reeves va marquer de son empreinte le chevalier noir au cinéma.
Finalement, son principal défaut (si tenté que ça en soit réellement un) est d'être sorti après les films de Christopher Nolan. A cela on peut tout de même ajouter un climax peut être un poil décevant, un Riddler pas si convaincant qu'on l'aurait cru, un Bruce Wayne qui va faire débat, une durée de 3 heures qui aurait pu être un poil raccourcie, le film souffrant de quelques longueurs ici et là, et surtout une scène sans doute imposée par la Warner tant elle est incorporée à la truelle (et vous savez, Batman a pleiiiiiiiins d'autres vilains peu voir jamais exploités hein...)


Mais ne boudons pas notre plaisir sur quelques pinaillages et comparatifs (même si c'est globalement ce que j'ai fait ici...oups..) puisqu'on nous avons ici un très bon Batman. Pas parfait pour autant, pas un chef d'oeuvre (comme beaucoup semble déjà le scander partout) mais après moult films bien fadasses (coucou Marvel Studios) et moult désillusions et étrons (coucou DC comics et dédicace à toi Zack Snyder) "The Batman" est un vrai film de réalisateur, possédant une véritable patte artistique, une vraie vision d'auteur et une véritable âme, le tout en brassant de nombreux éléments de la mythologie batmanienne, et conservant ce qui fonctionne le mieux dans les comics Batman en utilisant pour la première fois l'aspect purement détective du personnage.
Peut être pas LE meilleur film consacré au personnage, mais très certainement l'un des meilleurs qui, à défaut de m'avoir procuré l'effet "Whaouh !", m'as donné exactement ce que j'en attendais (et ça, c'est déjà beaucoup de nos jours..)

JulienPetit
7
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le 3 mars 2022

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Bat Juju

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