La succession de Nolan est ouverte...

Un bon Batman (très bon ?). Je ne crois pas que le film aurait pu être mauvais - je suis un spectateur volontairement naïf. Décevant pour certains. Mais pas pour moi. J'aime l'hommage - peut-être trop appuyé, et que Joker rendait déjà - au Nouvel Hollywood de Scorsese ou Coppola. Pour commencer, Robert Pattinson campe un jeune Batman très crédible, genre rockstar perdue ou héros romantique à la Musset (un peu Lorenzaccio sur les bords), il ne joue pas de rôle, son Bruce Wayne je veux dire. Grunge, et la chanson de Nirvana pour débuter et finir le film montre tout de suite cette intention. Il y a un plan que j'aime beaucoup : à la fin, quand Batman, fusée de détresse rouge à la main, guide les gens hors du chaos - vue d'en-haut, très beau, clair-obscur sanguin, plastique. J'imagine volontiers un tableau inspiré de ce plan. C'est vrai, Batman est Gotham et, dans cette version plus que dans toute autre. On y retrouve ainsi l'esprit des jeux vidéo de ces dernières années. L'univers est aussi un peu celui du comic book, tout en ombres inquiétantes. Au début, l'homme que Batman sauve lui demande de ne pas lui faire de mal, et les flics traitent le super-héros de "sale bête". La scène dans le commissariat où il est entouré de flics énervés, prêts à la bavure, est éloquente. Batman est seul, jeune et il doit faire tous les apprentissages qui feront de lui le Chevalier Noir. En plus, quand il marche, ça fait un bruit d'éperon ! C'est un cowboy solitaire et incompris. Jeffrery Wright est parfait en Gordon et Zoé Cravitz fait une catwoman qui me rappelle Noomi Rapace dans Millenium. Un peu déçu tout de même par la Batmobile - même si elle est tragiquement mise en valeur au cours du film. Un peu déçu aussi par le personnage d'Alfred, pas assez utilisé alors qu'il offre une séduisante figure de père de substitution - bon à autre chose que servir le thé avec un accent ampoulé. Hâte de voir un deuxième volet qui étofferait son rôle. Batman est de retour, mais, même plus romantique, c'est bien lui. Tant mieux.