Christopher Nolan est un incompris qui passe pour un grand réalisateur, alors qu’il n’aspire qu’à diriger des contes philosophiques. Si l’on met de côté la somptueuse trilogie Batman, une œuvre de commande, que nous raconte-t-il ? Des variations sur le temps et la causalité. Ses héros perdent la mémoire ou le sommeil, jouent avec l’inconscient ou la gravité, à moins que ce ne fut leur créateur qui manipule leur lignes temporelles… Tenet est un long et, à mon sens, pénible exercice de style sur l’inversion de l’entropie.


Dans Interstellar une humanité en péril se voyait secourue, à distance, par de mystérieux Êtres du Bulk. Dans Tenet, les mêmes humains se voient menacés d’annihilation, toujours à distance, par des êtres du futur. Le Protagoniste (John David Washington) lutte contre un très méchant milliardaire russe décidé à tout faire sauter. Inquiet, l’univers l’a choisi pour sauver notre Terre, le job de La Patrouille du temps, une vieille création de Poul Anderson.


La première heure n’est pas désagréable, notre James Bond porte à merveille le costume de luxe et séduit la belle blonde (Elizabeth Debicki), qu’une pudeur post MeToo lui interdit de toucher. Le Protagoniste voit s’agréger autour de lui une équipe. Nous découvrirons qu’il l’a réunie dans un lointain passé, James Bond cède sa place à Mission Impossible. Le pitch n’est pas désagréable, si Nolan ne cédait à la tentation de jouer avec le temps. Il ne sera pas question de voyage dans le temps, mais de tourniquet temporel… inversant le la fuite du temps des objets et des personnes. Les balles et les explosions fusent à l’envers, les méchants attaquent en ciseau et mon cerveau vacille.


Si encore Nolan nous présentait de belles images. Mais nous ne verrons rien de Kiev, Oslo ou ou Bombay, juste un yacht de luxe et des vues de la mer du Nord. Pour le reste, des terminaux d’aéroport, des conteneurs et des souterrains crasseux, dignes d’un jeu vidéo des années 1990.


Que dire de plus… L’exercice de style est intéressant, mais cache mal ses invraisemblances. Comment les êtres du futur survivront-ils à notre extinction ? Comment ont-ils contacté le Russe et obtenu son appui ? Comment ce dernier a-t-il conçu les fameux tourniquets ? J’arrête avec mes questions oiseuses et retourne à Batman.

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le 21 juin 2021

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Step de Boisse

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