Faut-il pendre David Yates ?

Faut-il pendre David Yates ? C'est la question que je me pose, après ses Harry Potter presque tous mauvais, et son tout nouveau, tout frais, Tarzan, 41ème adaptation du personnage. Parce qu'on aurait bien voulu s'arrêter à la 40ème, ou sauter directement à la 42. Tarzan, c'est sans doute son échec le plus total à tel point que le film est agaçant, irritant, voire même consternant.

La première chose qu'on remarque, c'est à quel point c'est laid. Cette année, c'est assurément la photographie la plus moche et hors sujet que j'ai vue. On est dans la jungle, cet environnement mystérieux et coloré, et Yates nous balance un gris assommant pendant tout le film. C'est triste. C'est sans doute censé donner un aspect plus sombre à l'oeuvre mais c'est juste triste. Quitte à faire plus sombre, le monsieur Yates aurait mieux fait de rester dans la continuité de ses Harry Potter, tout simplement. À défaut d'être belle, la photographie y était en tout cas bien plus propre.

Et s'il n'y avait que la photographie ! Non, le film est un amoncellement de laideurs : passant par tous les ralentis dignes d'un film de Snyder, les fonds verts visibles à 300km, les effets spéciaux pas crédibles pour un sou. Quand la Planète des Singes met la barre très haut pour ses primates, on redescend 10 ans en arrière pour des animaux beaucoup moins crédibles. D'ailleurs, Le Livre de la Jungle faisait mieux trois mois avant.

Heureusement, le tonton Yates nous donne de quoi être fâché un peu partout, pas seulement sur le visuel (on savait déjà que Yates n'était pas qualifié formellement). Les personnages ne sont jamais crédibles et du coup on se demande ce qu'est allée faire Margot Robbie dans un tel désastre. Heureusement qu'elle était là néanmoins, ça m'a évité d'être énervé tout le film (quoique). Mais même ses scènes sont d'une nullité incomparable. La scène de sexe (qu'on ne voit même pas en plus de ça) arrive comme une scène des Feux de l'Amour. Le personnage de Samuel L. Jackson ne sait apparemment pas sur quel pied danser : entre autoritaire et fou du roi. Le personnage de Waltz, en roue libre, est fidèle à lui-même. Le Tarzan, à part représenter un tas de muscles ingrat, ne dégage pas le moindre charisme.

Le réalisateur tente même quelques passages dramatiques, entre Tarzan et le chef d'une tribu, mais comme on s'en fout et de l'un, et de l'autre, bon ça n'a aucun impact en fait. Ça me fait aussi penser à tous ces flash-backs parfaitement dispensables, mais bien là et sans doute encore plus moches que le reste du film. Mais c'est toute l'histoire qui a un problème, en plus d'utiliser le cliché de la femme en détresse, et de finir l'histoire tragique sur un tableau toujours aussi moche mais surtout ridiculisant le grand méchant du film.

Il y a heureusement quelques idées, qui auraient mérité d'y prendre plus de place, comme le passage des éléphants avec Tarzan, ce qui lui remémore ses souvenirs et son ingratitude. Ou les scènes avec la tribu dans laquelle Jane a grandi. Sans montrer de flash-back, ce genre de scènes suggestives suffisait amplement. J'ai apprécié aussi les passages avec les dangers de la jungle (les hippopotames, gorilles etc.). Dommage que Yates n'en tire pas grand-chose de plus et se contente d'en faire quelques scènes oubliables.

Quel gâchis, mais prévisible, à la vision des quelques bandes-annonce plutôt laides, qui n'allaient pas en s'améliorant, et ne laissant rien présager de bon. Nouvel échec pour Yates, j'ai peur pour les Animaux Fantastiques.