Nous rencontrons des problèmes techniques sur la partie musique du site. Nous faisons de notre possible pour corriger le souci au plus vite.

TÁR
6.7
TÁR

Film de Todd Field (2022)

Lydia Tar est une chef d'orchestre, ça se passe mal, yadi yada.

Attention SPOILER. Voilà c'est dit.

C'est un film exceptionnel, parce qu'il arrive à nous proposer un personnage hors du commun joué par Cate Blanchett juste parfaite, et à nous le représenter dans sa complexité.

Les premières secondes où elle apparait à l'écran donnent le ton. Elitisme et maitrise de son sujet. Elle arrive à parler de la musique classique avec une connaissance absolue, avant ensuite d'exposer son idée principale, la chef d'orchestre, elle, est celle qui dirige de manière absolue l'orchestre.

Cette maitrise totale de l'orchestre, et de sa vie est réalisé par Lydia de plusieurs façons, tout d'abord en opérant une sélection selon ses critères, souvent affectifs, mais aussi en manipulant les gens par son emprise psychologique. On peut penser d'abord à Kaplan, dans un intérêt économique, mais aussi à Franscesca, en lui promettant un poste prestigieux. Sa femme résumera bien la chose "Toute tes relations sont transactionnelles".

Arrive enfin le point de rupture, qui, issu du passé, vient établir un parallèle fracassant avec le mouvement me too. Qui sera référencé à plusieurs reprises. D'abord de façon grossière, avec le personnage fantasmé du woke à Juliard qui n'écoute pas Bach. Probablement trop grossier pour que l'échange soit véritablement apprécié. Ensuite par les montages vidéos, et ensuite par les manifestations devant les prestations.

Elle ne peut pas, dans un blueball magnifique, même jouer son oeuvre et doit réaliser que même sans elle, les musiciens continueront de jouer. Et elle réalise enfin qu'elle est dispensable.

Notre personnage, déclassé, se retrouve à devoir retourner, d'abord aux sources, dans sa maison, où elle retrouvera, enfin, la musique de sa nostalgie, grâce à un Bernstein tout en simplicité, "la musique c'est les sentiments", aux antipodes des explications de Lydia du début (non pas que ses explications soient dénuées d'intérêt), et ensuite en thaïlande, où elle sera elle aussi victime de sexisme, mais aussi, enfin, confrontée à sa propre image de prédatrice. Elle entre dans le salon de massage comme un homme et on lui propose les mêmes services qu'un homme.

Ce déclassement n'est pas uniquement financier, à n'avoir confiance en personne, elle se retrouve dépassée par la technologie (elle suggère de supprimer des mails quand les live fb existent), mais aussi par d'autres femmes, sa femme Sharon, bien moins docile que ce que notre première impression pouvait présager, sa "protégée", la même mais en mieux ?, son assistante, complice, mais qui quittera le navire le moment où son silence ne sera pas remercié.

Finalement, Lydia, comme beaucoup, est excellente dans ce qu'elle fait, mais est devenue tellement engoncée dans son art qu'elle en a perdu la raison de le faire. Son absence totale de sentiment extra musicaux se transforme en une incapacité totale de créer, comme vu dans sa tentative désespérée de composer. Son art devient alors son seul moyen d'assouvir sa passion du pouvoir sur les autres. C'est en ce sens que l'échange du début à Juliard trouve peut être grâce. Un échange peut être un peu plus en profondeur et égal aurait peut être bénéficié aux deux individus. Cette scène, que j'ai trouvé grossière, est néamoins indispensable pour comprendre la philosophie, et l'hypocrisie de Lydia Tar. Elle explique d'un côté la nécessité de devoir laisser de côté son égo, chose qu'elle ne fera finalement que dans la séquence finale.

C'est cette sélection finale dans le salon de massage qui met en évidence toutes les sélections passées. Ici, elle doit choisir directement sa proie, comme, finalement, elle le faisait également avant, même si elle devait pour cela regarder sous l'aquarium pour apercevoir les pieds.

Elle est confrontée à son passé de prédateur, et finit réduite à son rôle de métronome, devant battre la mesure pour une projectionn filmée, donc avec un temps fixe.

Tar est pour moi une véritable masterclass. Certains points sont pour moi légèrement discutables. Tout d'abord la scène à Juliard est trop parodique pour être prise au sérieux. On regrettera également de ne pas avoir pu assister à la représentation finale, ultime pied de nez au spectateur, mais aussi à Lydia, et à la scène finale, un peu trop grosse, la grande chef d'orchestre classique qui doit jouer pour la japan expo dans un délire presque sadique, faisant directement référence au cimetière évoqué précédemment.



Je n'ai aussi pas compris la mort de la voisine. Avertissement ? Les scènes de rêves étaient peu utiles. Et l'intérêt de la fille de Lydia et Sharon était aussi un peu limité, ou aurait mérité qu'on s'y attarde plus (menacer une des copines de classes est un truc à faire apparement ?).

Xzelda
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Rentabilité de l'UGC nanani

Créée

le 3 févr. 2023

Critique lue 25 fois

3 commentaires

Xzelda

Écrit par

Critique lue 25 fois

3

D'autres avis sur TÁR

TÁR
JorikVesperhaven
4

Tartare d'auteur.

Si ce n’est une Cate Blanchett au-delà de toute critique et encore une fois impressionnante et monstrueuse de talent - en somme parfaite - c’est peu dire que ce film très attendu et prétendant à de...

le 27 oct. 2022

89 j'aime

11

TÁR
Plume231
7

Bas les masques !

Il y a une séquence dans ce film qui pulvérise avec brio toute la connerie de la "cancel culture" et des cerveaux lavés qui veulent l'imposer, au cours d'un échange durant lequel le personnage...

le 25 janv. 2023

69 j'aime

17

TÁR
jaklin
8

L'exception inacceptable

Autrefois, on se donnait des frissons avec la peur du grand méchant loup, qui repose sur un mythe puisque les loups n’attaquent pas l’homme, ou celle des sorcières, elles aussi sorties de l’esprit...

le 4 févr. 2023

44 j'aime

76

Du même critique

Chaos d'Anthologie : Woodstock 99
Xzelda
6

Un Docu Netflix comme les autres

Après le Fyre Festival, il semblerait que faire un documentaire sur ce qu'il se fait de pire en terme de gestion d'évènements soit devenu un bon filon. Les coûts de production sont assez légers, tout...

le 7 août 2022

4 j'aime

Bagarre érotique
Xzelda
5

Bienveillance

Bagarre érotique est un des premiers roman graphique que je lis. Je suis complètement novice dans l'appréciation de ce médium. Mais je n'ai pas été spécialement convaincu. Si je dois commencer par...

le 28 avr. 2022

3 j'aime

Réinventer l'amour
Xzelda
8

Expliquer l'amour

Si il est parfois difficile de séparer l'oeuvre de l'artiste, il est parfois tout aussi difficile de séparer l'oeuvre du ressenti personnel. Ce livre ne réinvente pas l'amour, mais il apporte un...

le 22 déc. 2021

3 j'aime